Genève (awp) - La Bourse suisse débute sa dernière séance de la semaine en baisse, entraînée par la chute des principaux indices américains la veille. Les investisseurs sont encore sonnés par l'offensive douanière de Washington.

A Wall Street, le Dow Jones a clôturé jeudi en perte de 3,98%, le Nasdaq a chuté de 5,97%, au plus bas depuis mars 2020, et l'indice élargi S&P 500 a reculé de 4,84%, sa plus forte baisse en clôture depuis juin 2020. L'onde de choc se propageait aux places asiatiques vendredi.

"Il y aura un avant et un après 2 avril. Et les marchés, comme l'économie mondiale, vont devoir encaisser le choc", avertit John Plassard, de Mirabaud Banque.

Les surtaxes sont particulièrement lourdes à l'encontre de l'Asie - 54% pour la Chine -, de l'Union européenne (20%), tandis que la Suisse n'est pas épargnée (31%). Washington s'expose aussi à d'éventuelles ripostes qui risquent d'asphyxier l'économie des pays visés, mais aussi celle du pays de l'Oncle Sam.

"L'économie mondiale est désormais entrée dans un tunnel sombre", relève Ipek Ozkardeskaya de Swissquote. L'analyste entrevoit un risque pour les chaînes d'approvisionnement comparable aux perturbations dues à la pandémie de Covid-19 avec à la clé un bond de l'inflation qui pourrait se prolonger.

"Si rien n'est encore gravé dans le marbre, l'incertitude élevée pendant une période prolongée aura un impact plus négatif sur l'économie", craint John Plassard.

Ces craintes pour la conjoncture mondiale ont fait plonger les cours du pétrole, qui s'enfonçaient encore vendredi matin, tandis que l'or se stabilisait autour de 3100 dollars l'once, proche de son record de la veille.

Quelques indicateurs macroéconomiques figuraient à l'agenda, notamment les commandes industrielles en Allemagne, demeurées stables en février, tandis que la production industrielle en France a rebondi de 0,7% par rapport à janvier. En Suisse, le taux de chômage est resté stable en mars sur un mois à 2,9%. Les données sur l'emploi américain étaient attendues dans l'après-midi.

Vers 09h10, le SMI reculait de 0,91% à 12'168,05 points, le SLI lâchait 1,05% à 1945,35 points, tandis que le SPI se contractait de 0,85% à 16'222,4 points. Sur les trente valeurs vedette, six seulement avançaient.

Les poids lourds prenaient des directions opposées, Nestlé (+0,4%) soutenait quelque peu l'indice. Le géant veveysan de l'alimentation s'est vu rétrograder par Morgan Stanley à "underweight". Les mastodontes pharma Novartis et le bon Roche reculaient quant à eux de respectivement 1,5% et 1,0%, pourtant peu concernés par les droits de douane. Le sous-traitant de l'industrie pharmaceutique Lonza perdait lui aussi du terrain (-0,6%).

Alcon (-0,5%) a vu son objectif de cours relevé par Bernstein SG, son analyste estimant que le spécialiste des produits ophtalmiques s'est montré convaincant quant à ses perspectives, lors de sa journée des investisseurs. Le groupe a en outre proposé l'élection de Deborah di Sanzo au sein de son conseil d'administration, en plus de la réélection de l'ensemble des administrateurs sortants.

Comme la veille, la défensive Swisscom (+0,8%) sortait du lot, juste derrière Givaudan (+1,1%) qui présentera ses résultats trimestriels la semaine prochaine. Le bon Lindt (+0,8%) complétait le podium provisoire.

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