Le projet de Grab, société basée à Singapour, visant à acquérir l’indonésienne GoTo pour former un acteur dominant du secteur du transport de personnes et de la livraison de repas en Asie du Sud-Est, fait face à des obstacles réglementaires, ont indiqué trois sources, jetant une ombre sur la réalisation potentielle de l’opération.
Reuters avait rapporté en mai que Grab, cotée au Nasdaq, cherchait à conclure un accord pour racheter sa concurrente plus petite GoTo au deuxième trimestre et avait mandaté des conseillers pour travailler sur cette acquisition envisagée. L’opération pourrait valoriser GoTo autour de 7 milliards de dollars.
Les deux entreprises ont désormais besoin de plus de temps pour parvenir à un accord, après que le gouvernement indonésien a proposé certaines conditions pour que le projet puisse aboutir, ont précisé les trois sources proches des discussions.
Le gouvernement indonésien examine l’impact potentiel de la fusion sur le bien-être des travailleurs et la concurrence sur le marché de la plus grande et la plus peuplée économie d’Asie du Sud-Est, ont déclaré deux de ces sources.
En mai, des centaines de chauffeurs et livreurs de plateformes de VTC ont manifesté dans plusieurs villes d’Indonésie pour protester contre la faiblesse des salaires et s’opposer à une fusion Grab-GoTo, craignant la création d’un monopole susceptible d’entraîner des suppressions d’emplois et une hausse des prix pour les consommateurs.
Le gouvernement souhaite également que l’entité issue de la fusion garantisse davantage d’avantages, tels que de meilleurs tarifs et des primes pour les chauffeurs et livreurs, a ajouté l’une des sources, qui a souhaité rester anonyme en raison du caractère confidentiel des négociations.
La semaine dernière, Grab a réaffirmé sa déclaration antérieure selon laquelle elle n’est impliquée dans aucune discussion concernant une éventuelle transaction avec GoTo et n’a signé aucun accord définitif.
Parallèlement, Grab a levé 1,5 milliard de dollars via une émission de titres convertibles, citant les acquisitions parmi les usages prévus de ces fonds.
GoTo, dont la valorisation boursière est de 4,4 milliards de dollars, a renvoyé Reuters à ses précédentes communications réglementaires, confirmant qu’aucun accord n’a été conclu avec une quelconque partie concernant une transaction potentielle.
Le ministère indonésien des Transports a refusé de commenter.
OPTIMISATION DES OPÉRATIONS
Selon son rapport annuel 2024, GoTo est détenue à 73,90 % par des investisseurs étrangers, dont SoftBank Group et Taobao China Holding, une filiale du groupe chinois Alibaba. Le reste est aux mains d’investisseurs indonésiens.
SoftBank’s SVF GT Subco (Singapore) Pte Ltd et Taobao sont les deux principaux actionnaires de GoTo, détenant respectivement 7,65 % et 7,43 % du capital, selon le rapport.
Interrogé sur une éventuelle opération impliquant GoTo et Grab, Sufmi Dasco Ahmad, vice-président du parlement indonésien, a déclaré à Reuters que le gouvernement souhaite que GoTo soit majoritairement détenue par des Indonésiens.
Dasco, également haut responsable du parti au pouvoir du président indonésien Prabowo Subianto, n’a pas précisé comment GoTo pourrait devenir majoritairement détenue par des Indonésiens. Il n’a pas non plus commenté les éventuelles conditions imposées par le gouvernement pour la fusion envisagée.
Immanuel Ebenezer, vice-ministre indonésien du Travail, dont l’agence supervise l’emploi, a indiqué ne pas avoir d’informations sur d’éventuelles conditions fixées pour une fusion Grab-GoTo.
Une fusion permettrait aux deux entreprises, qui selon les données de LSEG enregistrent des pertes nettes annuelles depuis leur introduction en bourse, de réduire leurs coûts en optimisant leurs opérations.
Grab, dont la capitalisation boursière actuelle avoisine les 19 milliards de dollars, vaut aujourd’hui environ la moitié de sa valorisation de 40 milliards lors de sa fusion avec une société d’acquisition à vocation spécifique pour une cotation au Nasdaq en décembre 2021.
(1 $ = 16 295,0000 rupiah)