Paris (awp/afp) - Les Bourses européennes chutent vendredi après que Donald Trump a menacé d'imposer 50% de droits de douane aux produits issus de l'Union européenne importés aux Etats-Unis à compter du 1er juin, les investisseurs craignant que cela provoque une récession.

"Il est très difficile de traiter avec l'UE, qui a été créée en premier lieu pour profiter des États-Unis d'un point de vue commercial. (...) Nos discussions ne vont nulle part. Dans ces conditions, je recommande d'imposer 50% de droits de douane sur l'UE, à compter du 1er juin. Il n'y a pas de droits de douane sur les produits fabriqués aux États-Unis", a écrit le président américain sur sa plateforme Truth Social.

La Maison-Blanche avait initialement prévu de taxer les produits européens à hauteur de 20%, avant d'annoncer dans la foulée une pause de 90 jours sur les droits de douane au-delà de 10%, le temps de laisser les négociations arriver à leur terme.

Cette pause devrait s'achever théoriquement début juillet.

Vers 12H30 GMT, la Bourse de Paris chutait de 2,72%, après avoir perdu brièvement de plus de 3%, Francfort de 2,57%, Londres de 1,21% et Milan de 2,82%. A Zurich, le SMI reculait de 1,4%.

A Wall Street, les échanges précédents l'ouverture du marché américains laissaient présager d'un début de séance en forte baisse également: l'indice élargi S&P 500 abandonnait 1,53%, le Nasdaq 1,84% et le Dow Jones 1,45%.

"Les investisseurs anticipent le fait que les droits de douane vont faire plonger les deux zones économiques en récession, en bloquant les échanges commerciaux", a commenté auprès de l'AFP Aurélien Buffault, gérant obligataires de Delubac AM.

Les investisseurs se ruaient vers des valeurs refuge, comme les obligations, qui plus est à l'approche d'un week-end de trois jours aux États-Unis, où Wall Street restera fermée lundi.

Face à cette situation, le marché anticipe que les banques centrales américaine et européenne vont réagir, de manière à éviter un trop fort ralentissement économique des États-Unis et du Vieux Continent, notamment avec des baisse de leurs taux directeurs, a aussi expliqué Aurélien Buffault.

Sur le marché obligataire, les taux se détendaient fortement.

Le rendement obligataire de l'emprunt allemand sur 10 ans atteignait 2,57% vers 12H30 GMT, contre 2,64% la veille à clôture et le français était à 3,27%, contre 3,32% jeudi.

Leur équivalent américain s'établissait à 4,48%, après avoir terminé à 4,53% jeudi.

Sur le marché des changes, le billet vert s'enfonçait de 0,51% face à la monnaie unique, à 1,1336 dollar pour un euro, vers 12H30 GMT.

Le président américain a également dénoncé, pêle-mêle, les "barrières commerciales, la TVA, les sanctions ridicules contre les entreprises, les barrières non-douanières, les manipulations monétaires, les poursuites injustifiées et injustes contre des entreprises américaines, qui ont conduit à un déficit commercial de plus de 250 millions de dollars par an, ce qui est totalement inacceptable".

Les droits de douane appliqués aux produits européens s'élèvent actuellement à 12,5% en moyenne, 2,5% correspondant au niveau avant le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, auxquels se sont ajoutés 10% depuis début avril et l'annonce de ses droits de douane dits "réciproques".

Le luxe et l'automobile en fort repli ___

Les titres des valeurs du luxe, particulièrement dépendantes des exportations vers les États-Unis reculaient fortement, à l'image de Kering (-3,90%), Hermès (-4,14%) et LVMH (-3,16%) à la Bourse de Paris. A Londres, Burberry cédait 3,64% et Moncler 2,70%.

Le constructeur automobile Stellantis, lui aussi très présent aux États-Unis, cédait 4,74% à Paris. A Francfort, BMW perdait 4,30%, Porsche 4,18%, Mercedes-Benz 3,95% Daimler Truck 3,01% et Volkswagen 2,61%.

Les équipementiers du secteur reculaient fortement aussi à l'image de Forvia (-3,42%) et Valeo (-3,24%) à Paris. A Francfort, Continental lâchait 3,43%.

afp/rp