Washington (awp/afp) - La Bourse de New York a de nouveau ouvert en nette baisse vendredi, inquiète des représailles rapides et fermes de la Chine face à la salve de nouveaux droits de douane imposée par Donald Trump mercredi.
Vers 14H10 GMT, le Dow Jones reculait de 2,75%, l'indice Nasdaq perdait 3,49% et l'indice élargi S&P chutait de 3,31%.
La veille, l'indice Nasdaq avait connu sa pire séance depuis mars 2020, et l'indice élargi S&P 500 sa plus forte baisse en clôture depuis juin 2020.
Le recul du jour traduit "la poursuite de l'inquiétude concernant l'annonce des droits de douane" par Donald Trump, a commenté auprès de l'AFP Sam Stovall, de CFRA.
Mais la place américaine est surtout inquiète "de la riposte de la Chine, plus rapide que prévu" et qui a imposé des droits de douane "qui égalent" ceux des Etats-Unis contre Pékin.
Les nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump mercredi soir sont particulièrement punitifs pour la Chine, qui s'est vue infliger des droits additionnels de 34%.
Or, déjà visée par des droits de douane, les taxes sur ses produits vont se porter à 54% au total.
Pékin a donc annoncé imposer à son tour des droits de douane supplémentaires de 34% sur les produits américains dès le 10 avril "en plus du taux des droits de douane actuellement applicables", selon le ministère chinois des Finances.
Donald Trump a affirmé vendredi, après la réplique de Pékin, que la Chine "paniquait".
En outre, face à une décision américaine "grave et infondée", le président français, Emmanuel Macron, a esquissé une riposte graduée, passant par l'unité des Européens et la suspension temporaire des investissements aux Etats-Unis.
L'Europe s'est vue imposer 20% de taxes douanières supplémentaires.
"La montée de l'escalade de la guerre commerciale a attisé les craintes du marché concernant la croissance mondiale", affirment dans une note les analystes de Briefing.com.
Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans s'est encore détendu à 3,94%, contre 4,03% à la clôture la veille.
"C'est une fuite (des investisseurs) vers la sécurité", estime M. Stovall, le marché obligataire jouant son rôle de valeur refuge face à cette offensive commerciale universelle.
Côté indicateurs, le taux de chômage a légèrement progressé en mars aux Etats-Unis, pour le deuxième mois d'affilée, a annoncé vendredi le ministère du Travail, montant à 4,2%, après 4,1% en février et 4% en janvier.
Les analystes s'attendaient à une stabilité du taux de chômage à 4,1% en mars, selon le consensus publié par MarketWatch.
Concentré sur les droits de douane, le marché a tout de même retenu les chiffres des créations d'emplois, beaucoup plus importants qu'anticipé: 228.000 contre 140.000 créations envisagées par les acteurs de la finance.
"Si les résultats avaient été beaucoup plus mauvais que prévu, cela aurait renforcé l'incertitude" du marché, souligne M. Stovall.
"En même temps, la banque centrale américaine (Fed) pourrait continuer à rester sur la réserve parce que la situation de l'emploi se maintient assez bien", suggère l'analyste.
Ailleurs, à la cote, la plupart des valeurs restaient à la peine.
Les entreprises chinoises cotées à la Bourse de New York reculaient nettement vendredi, à cause de l'escalade commerciale entre Pékin et Washington, comme Alibaba (-9,56%) et ses concurrents dans le secteur du commerce électronique, PDD (-7,55%) - propriétaire de Temu - et JD.com (-8,35%).
Six des "Sept Magnifiques", le surnom donné aux grands noms du secteur technologique, chutaient encore, certaines plus lourdement touchées que d'autres: Tesla (-6,54%), Alphabet (-0,20%), Amazon (-1,98%), Meta (-3,03%), Apple (-2,86%), et Nvidia (-4,22%). Seul Microsoft était épargné (+0,31%).
Les marques dont une partie des vêtements sont fabriqués en Chine ou au Vietnam (respectivement taxés à hauteur 34% et 46%, en plus des droits de douane déjà imposés) continuaient de baisser, quoique moins durement que la veille, à l'instar de Gap (-3,22%), Ralph Lauren (-4,93%), Lululemon (-5,03%) ou encore le géant américain Nike (-3,12%).
afp/al