Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales se montraient hésitantes mardi, l'enthousiasme de la veille à la suite de la trêve commerciale entre les Etats-Unis et la Chine laissant place à la prudence face aux nombreuses incertitudes qui subsistent.
Les Etats-Unis et la Chine ont mis sur pause lundi leur guerre commerciale en annonçant la suspension pour 90 jours de la majeure partie des droits de douane prohibitifs qu'ils s'étaient mutuellement imposés et qui ont ébranlé l'économie mondiale.
"Certes, l'accord ne dure que 90 jours (...) mais c'est tout de même une énorme surprise, étant donné que l'on croyait que les deux camps ne se parleraient plus jamais", souligne Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.
Concrètement, les deux premières puissances économiques mondiales acceptent de réduire largement - à 30% pour Washington et 10% pour Pékin - les surtaxes qu'ils s'étaient mutuellement imposé, contre respectivement 145% et 125% après l'escalade initiée par Donald Trump début avril.
"Cette réduction spectaculaire des droits de douane est temporaire (...), mais pour les marchés, cela signe une fin perçue de la guerre commerciale et une tendance désormais à la désescalade", estime Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank.
Si Wall Street a fini en forte hausse lundi (Dow Jones +2,81%, Nasdaq +4,35%), en Europe, les Bourses se montrent méfiantes mardi et optent pour la prudence. Vers 07H10 GMT, la Bourse de Paris gagnait 0,06%, Francfort prenait 0,08%, Londres 0,05% et Milan 0,02%.
"L'euphorie des dernières semaines reposait en grande partie sur l'espoir que Washington et Pékin parviennent à des concessions substantielles dans leur guerre commerciale", rappelle Jochen Stanzl, chez CMC Markets. "Une fois que cet espoir a été en partie réalisé, la question se pose désormais de savoir s'il existe encore de nouveaux catalyseurs pour faire monter les cours."
En Asie, l'indice hongkongais Hang Seng flanchait (-1,57%) dans les derniers échanges au lendemain d'un bond de plus de 3%. Les places de Chine continentale étaient plus mesurées, l'indice composite de Shanghai prenant 0,12% et Shenzhen cédant 0,19%.
A la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a terminé en hausse de 1,43%.
"Ce n'est pas la fin", ajoute Mme Ozkardeskaya. "Les discussions peuvent être interrompues à tout moment", l'incertitude restant le mot d'ordre en attendant une trêve commerciale plus durable.
"C'est un peu le flou artistique", résume John Plassard, spécialiste de l'investissement pour Mirabaud.
A l'agenda mardi, les investisseurs seront attentifs à la publication de l'indice des prix à la consommation (CPI) pour avril aux Etats-Unis.
Nissan grimpe
L'action du constructeur automobile Nissan a bondi de plus de 5% mardi à la Bourse de Tokyo avant de modérer ses gains, après que la presse japonaise a rapporté son projet de supprimer 10.000 postes de plus que les 9.000 déjà annoncés. Le titre de Nissan a terminé en hausse de 3%.
La chaîne de télévision publique NHK a expliqué lundi soir que ce total de 19.000 postes supprimés réduirait la main-d'oeuvre de Nissan d'environ 15%, sans donner plus de détails.
Bayer recherché
Le géant allemand de la pharmacie et de l'agrochimie Bayer (+7,80% à Francfort vers 07H10 GMT) était recherché après avoir fait état mardi d'un bénéfice net de 1,3 milliard d'euros au premier trimestre, légèrement meilleur qu'attendu malgré un recul de 35% sur un an, tandis qu'il a légèrement revu en baisse ses objectifs annuels.
Retour vers les actifs américains
Jim Reid note un "retour massif vers les actifs américains (...) visible à plusieurs niveaux" avec la trêve commerciale, qui "écarte le scénario de récession aux Etats-Unis" pour le moment.
Lundi, la hausse des actions américaine "a surpassé celui des autres régions", note-t-il.
Le Dollar Index, qui compare la devise américaine à un panier d'autres grandes monnaies, a quant à lui retrouvé ses niveaux d'il y a un mois.
Vers 07H10 GMT, le dollar cédait 0,25% face à la monnaie unique, à 1,1115 dollar pour un euro, reprenant son souffle après l'envolée de la veille.
"Ce virage a aussi été ressenti sur les marchés de matières premières, avec une hausse du pétrole portée par l'espoir d'un regain du commerce mondial", poursuit M. Reid.
Le prix du pétrole se stabilisait mardi, le baril de Brent de la mer du Nord prenant 0,16% à 65,07 dollars et le baril de West Texas Intermediate 0,24% à 62,10 dollars.
afp/jh