Les six semaines de dégagements subis par les Bourses chinoises dans un contexte de forte volatilité en partie liée aux interventions des autorités, ont pu décourager pour de bon nombre d'investisseurs en actions A, réservées aux investisseurs résidents.

Les fonds spécialisés sur les actions chinoises ont subi plus de 14 milliards de dollars de rachats nets depuis le début de l'année, avec des retraits massifs au cours des deux dernières semaines.

Après avoir doublé de valeur en un an, les actions chinoises ont brutalement chuté de l'ordre de 30% depuis la mi-juin, tout en continuant d'afficher une progression de 13% par rapport à la fin de l'année dernière.

L'indice Composite de Shanghai a dévissé de 10% au cours de la semaine écoulée et de 14,3% sur le mois de juillet.

Les investisseurs non-résidents, qui ne détiennent qu'environ 2% de la capitalisation boursière chinoise, ont eux aussi subi ce décrochage que certains d'entre eux considèrent toutefois comme l'occasion de renforcer leurs positions.

"Nous avons mis à profit la volatilité pour nous surpondérer sur un certain nombre de secteurs comme le tourisme ou l'assurance. Je pense que le marché des actions A va consolider et trouver une raison de repartir à la hausse", a dit Yu-Min Wang, responsable des investissements de Nikko Asset Management dont les actifs sous gestion atteignent 170 milliards de dollars.

PRECEDENT NIPPON

Il justifie son optimisme par l'exemple du Japon devenu l'une des grandes puissances exportatrices mondiales dans les années 60 et 70, bien avant l'envolée de l'indice Nikkei , l'indice et de référence de la Bourse de Tokyo, et l'arrivée des investisseurs internationaux sur les valeurs japonaises.

La Chine assure un cinquième de la production mondiale mais ses marchés actions ne représentent que 2,4% de l'indice MSCI des Bourses mondiales, souligne-t-il.

"A un certain moment l'importance du marché (boursier) en Chine doit refléter sa puissance industrielle. Je fais l'hypothèse que la Chine en est au même point que le Japon dans les années 60 et 70, dans la période qui précède tout juste le ralentissement de l'industrialisation et c'est le moment où le marché action monte d'une manière très significative", a ajouté Wang.

Comme souvent, choisir le bon moment pour investir peut s'avérer déterminant. Si l'indice Nikkei s'est envolé au cours des années 80, il a lourdement rechuté après avoir touché un pic à près de 40.000 points à la fin 1989 et il peine à s'affranchir des 20.000 points 25 ans après.

Sans s'inscrire sur un horizon de temps aussi long, Jennifer Wu, gérante de portefeuille chez J.P. Morgan Asset Management, n'exclut pas non plus de se renforcer sur les actions chinoises.

Les ventes massives d'actions chinoises "ne reflètent pas une détérioration effective du marché ou de l'économie. Il est probable que nous soyons à l'achat ou que nous nous renforcions sur des titres dont la valorisation est devenue plus attractive", a-t-elle dit.

"UNE CORRECTION, PAS UN EFFONDREMENT"

Pour Goldman Sachs, les actions chinoises connaissent "une correction, pas un effondrement".

La banque d'investissement américaine estime que les actions A de certaines grandes entreprises chinoises qui ont dit envisager des rachats de leurs propres titres sont à nouveau intéressantes après la chute des cours, de même que celles pour lesquelles les positions à découvert à l'achat des investisseurs chinois ont été purgées.

La volatilité va rester de mise prévient Goldman Sachs qui s'attend toutefois à une hausse de 20% de la Bourse de Shenzhen dans les douze prochains mois.

La perspective d'une inclusion des actions A dans les grands indices boursiers de référence proposés par des intervenants spécialisés comme MSCI est aussi susceptible de soutenir les cours sur la durée.

Ces indices ne prennent en compte que les actions des entreprises chinoises cotées sur les places off-shore comme Hong Kong et MSCI s'est récemment prononcé contre un changement de cette règle mettant en avant les restrictions à l'intervention des investisseurs étrangers sur les places boursières de la Chine continentale.

L'inclusion des actions A dans les indices de référence pour des sociétés de gestion disposant de milliards d'actifs entraînerait un important courant d'achats.

"Si elles sont incluses, les gens seront plus confiants pour se lancer. Un jour la Chine représentera une part très importante des portefeuilles", prévoit Jennifer Wu.

(Marc Joanny pour le service français)

par Sujata Rao

Valeurs citées dans l'article : Nikkei 225, COMPOSITE, Nikko Asset Management