par Alister Doyle

OSLO, 14 janvier (Reuters) - Le rythme des pertes annuelles de l'Antarctique en glaces est six fois plus important qu'il y a 40 ans, sur fond de réchauffement général du climat de la planète du fait des activités humaines, ont rapporté lundi des scientifiques.

Les pertes nettes de glaces sont passées à 252 milliards de tonnes par an durant la période 2009-2017, contre une moyenne de 40 milliards de tonnes durant celle de 1979 à 1990, selon l'étude que publie la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

Selon cette étude, l'Antarctique a perdu 169 milliards de tonnes de glace par an pendant la période 1992-2017, soit bien au-dessus des 109 milliards de tonnes annuelles évoqués dans une autre étude, publiée l'an dernier par une importante équipe internationale de chercheurs.

Le différentiel s'explique par le fait que, d'après l'étude de la revue PNAS, l'est de l'Antarctique a perdu 57 milliards de tonnes de glace par an pendant cette période, tandis que dans l'étude publiée l'an dernier par une équipe internationale, il gagnait cinq milliards de tonnes par an. (La calotte glaciaire peut gagner en masse si les chutes de neige dépassent les pertes en glace).

La calotte de l'est de l'Antarctique fond sur les bords et cette eau douce s'écoule dans l'océan, alors que les précédents rapports concluaient que la partie orientale de la calotte glaciaire résistait jusqu'à présent à la fonte constatée par ailleurs dans l'ouest de l'Antarctique.

Globalement, estiment les scientifiques, la fonte des glaces de l'Antarctique a fait monter le niveau des mers de 1,32 centimètre en 40 ans.

"Ce n'est que la pointe émergée de l'iceberg, si l'on peut dire", explique Eric Rignot, professeur à l'Université de Californie, qui a dirigé des scientifiques en France, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis.

"La fonte de la calotte glaciaire de l'Antarctique se poursuivant, nous nous attendons à ce que le niveau des mers monte de plusieurs mètres au cours des siècles à venir rien qu'à cause de l'Antarctique", a-t-il écrit.

Le niveau des mers de la planète a monté de 20 centimètres au cours du siècle écoulé, ce qui menace à terme certaines côtes, du Bangladesh à la Floride, et de grandes métropoles comme Londres et Shanghai.

On estime que si la totalité de la calotte glaciaire du continent Antarctique fondait, le niveau des mers monterait de 57 mètres. Un tel processus n'interviendrait que par des températures bien plus chaudes qu'aujourd'hui. (Eric Faye pour le service français)