Une économie en plein essor, au cœur de l’Union européenne
L’économie polonaise se distingue par sa robustesse et sa dynamique de rattrapage accélérée. En 2025, la croissance du PIB est estimée à plus de 3 %, une performance supérieure à la moyenne européenne. Ce dynamisme s’inscrit dans la continuité d’un parcours économique remarquable : depuis son adhésion à l’Union européenne en 2004, la Pologne a vu son PIB par habitant multiplié par quatre. Aujourd’hui, elle se hisse à la 6ᵉ place des puissances économiques de l’UE, devant la Suède, la Belgique et l’Autriche.
Avec un taux de chômage historiquement bas (sous les 3 %) et une dette publique maîtrisée à 53 % du PIB, Varsovie affiche une santé budgétaire et sociale enviable. Ce cadre macroéconomique solide attire les capitaux étrangers, d’autant que la Pologne bénéficie d’un double avantage : une main-d’œuvre encore relativement bon marché et un accès direct au marché unique européen.
Les principaux partenaires commerciaux de la Pologne restent l’Allemagne et la France. La première est son client et fournisseur numéro un, la seconde joue un rôle pivot en matière d’investissement et de coopération industrielle. Mais le tissu économique polonais s’est aussi autonomisé : de simples sous-traitants pour l’industrie allemande dans les années 1990, nombre d’entreprises locales sont désormais des champions régionaux.
La Pologne en chiffres :
- PIB : +3,2 % (estimation 2025)
- Dette publique : 53 % du PIB
- Taux de chômage : 2,8 %
- Budget militaire : 20 % du budget de l’État (35 Mds €)
- Population : 38 millions
- Taux de change : 1 EUR = 4,25 PLN
- Entreprises cotées à la GPW : 437
Le boom du marché boursier polonais : une opportunité pour les investisseurs
Au cœur de cette dynamique, la Bourse de Varsovie (GPW) incarne le nouveau visage économique du pays. Avec 437 sociétés cotées (dont 48 étrangères), la place de Varsovie est la plus importante d’Europe centrale. Son indice principal, le WIG30, regroupe les plus grandes capitalisations du pays, dominées par les banques (PKO Bank Polski, Mbank, Bank Pekao, Santander Bank Polska), mais aussi par des groupes comme CD Projekt (jeu vidéo), Dino Polska (distribution), ou encore Orlen (énergie).

Le marché polonais reste encore largement décoté, offrant des multiples de valorisation attractifs pour des entreprises rentables et en croissance. Le risque de change, lié au zloty (PLN), reste un facteur à surveiller : la monnaie s’est dépréciée de près de 20 % face à l’euro en dix ans.
Les actions polonaises sont accessibles aux investisseurs français, notamment via des courtiers proposant l’accès à la GPW. Certaines valeurs, bien que méconnues en dehors de la région, offrent des perspectives séduisantes dans les secteurs bancaires, industriels, technologiques et de la consommation.
Une puissance militaire montante face à la menace russe
Le choc de l’invasion russe en Ukraine, en février 2022, a marqué un tournant pour Varsovie. La Pologne fut le premier pays à livrer du matériel militaire à Kiev et à accueillir plus de 3 millions de réfugiés. Depuis lors, elle s’est engagée dans une transformation accélérée de ses capacités de défense.
En 2025, la Pologne consacre près de 20 % de son budget de l’État à la défense, un record au sein de l’OTAN. Son budget militaire est passé de 10 à 35 milliards d’euros en dix ans, avec une trajectoire qui pourrait porter ses effectifs à 300 000 soldats d’ici 2035, contre 202 100 aujourd’hui. C’est désormais la première armée d’Europe en termes d’effectifs, devant la France.
Varsovie a aussi investi dans un bouclier oriental de 2,3 milliards d’euros le long de ses frontières avec la Biélorussie (400 km) et l’enclave russe de Kaliningrad (200 km). Tranchées, bunkers, zones minées, radars, satellites, systèmes anti-drones : la militarisation de l’Est du pays est une réponse directe aux exercices militaires russo-biélorusses simulant des frappes nucléaires sur Varsovie.
Quel que soit le gouvernement au pouvoir, le PiS nationaliste ou la Coalition civique pro-européenne, la défense reste une priorité consensuelle.
La Pologne, pivot stratégique et politique en Europe
Par sa position géographique, entre l’Allemagne et l’Ukraine, la Pologne est devenue un pilier de la sécurité européenne. En marge de la stratégie américaine de containment contre Moscou, elle se positionne comme l’un des principaux relais de l’OTAN sur le flanc Est. La présence de troupes américaines, d’infrastructures logistiques, et d’armements lourds (chars Abrams, avions F-35) accentue ce rôle stratégique.
Politiquement, la Pologne vit une recomposition interne. Donald Tusk, ancien président du Conseil européen et figure de la droite libérale pro-UE, est revenu au pouvoir fin 2023, mettant fin à huit années de gouvernement conservateur. Son programme mêle relance économique, retour à l’État de droit, et ancrage européen. Un virage salué à Bruxelles, mais qui provoque de vives résistances internes.
À l’approche du second tour de la présidentielle (1er juin 2025), les tensions politiques sont vives. Le duel entre Rafal Trzaskowski (pro-européen) et Karol Nawrocki (nationaliste) illustre les fractures entre les deux Polognes : urbaine et ouverte contre rurale et souverainiste. La montée de l’extrême droite (22 % au premier tour) montre qu’un pan important de l’électorat reste hostile à une Europe plus intégrée.
Des défis structurels non résolus
Malgré ses succès, la Pologne doit affronter plusieurs défis majeurs.
- Démographie en déclin : La population polonaise est en baisse, avec un vieillissement accéléré. Le solde naturel est négatif, et la natalité demeure insuffisante pour assurer le renouvellement des générations. L’immigration ukrainienne compense partiellement ce phénomène, mais sans enrayer la tendance de fond.
- Pression sur les services publics : Les investissements massifs dans la défense se font parfois au détriment d’autres secteurs clés, comme la santé, l’éducation ou l’innovation. L’effort budgétaire, s’il n’est pas accompagné d’une réforme de la dépense publique, pourrait pénaliser le potentiel de croissance à moyen terme.
- Inflation persistante : Le taux de chômage très bas crée des tensions sur le marché du travail, alimentant une inflation encore élevée. La Banque centrale polonaise (NBP) navigue entre soutien à la croissance et lutte contre l’inflation, dans un contexte de volatilité externe accrue.
Investir en Pologne : mode d’emploi
Pour les investisseurs français et européens, la Pologne offre un cadre sécurisé grâce à son appartenance à l’Union européenne. Les risques juridiques sont limités, et les structures de gouvernance sont conformes aux standards européens, bien que certaines incertitudes subsistent sur l’indépendance de la justice et la stabilité fiscale. Les actions polonaises peuvent être intégrées à un PEA (pour les résidents fiscaux français) si elles sont négociées par des brokers compatibles avec la GPW. Il existe aussi plusieurs ETF exposés à la Pologne ou à l’Europe centrale, ainsi que des OPCVM thématiques.
Une Pologne charnière pour l’avenir de l’Europe
La Pologne n’est plus simplement un pays en rattrapage. Elle est en train de devenir un acteur central dans les équilibres européens, tant économiques que stratégiques. Son rôle de pivot dans la défense du continent, sa capacité d’absorption des investissements, sa résilience macroéconomique et sa bourse en expansion en font un terrain fertile pour les investisseurs. Mais cette trajectoire est conditionnée à la gestion des défis internes : recomposition politique, pression démographique, arbitrages budgétaires. L’Europe a tout intérêt à accompagner cette puissance médiane qui aspire à jouer dans la cour des grands.
Pour en savoir plus : Dans les prochains jours, nous publierons une analyse des plus belles sociétés polonaises cotées. Gardez l'œil ouvert !