par Polina Devitt et Thomas Grove

MOSCOU, 30 juillet (Reuters) - Les autorités russes ont répliqué mercredi aux nouvelles sanctions imposées la veille par les Etats-Unis et l'Union européenne en dénonçant une décision "destructrice et à courte vue".

Moscou prévient également que ces nouvelles mesures de rétorsion conduiront "inévitablement" à une augmentation de la facture énergétique en Europe.

La confrontation entre Moscou et les Occidentaux autour de l'Ukraine est entrée dans une nouvelle phase avec l'entrée en vigueur de sanctions dites de "niveau 3", frappant des secteurs entiers de l'économie russe.

Dévoilées mardi, conséquence de la destruction en vol d'un Boeing de la Malaysia Airlines au-dessus d'une zone contrôlée par les rebelles pro-russes de l'est de l'Ukraine, ces nouvelles sanctions européennes et américaines restreignent les ventes d'armes, de technologies sensibles et d'équipements liés au secteur pétrolier. Elles privent également les banques publiques russes d'accès aux marchés de capitaux occidentaux.

"L'action de la Russie en Ukraine et les sanctions que nous avons déjà imposées ont affaibli une économie russe déjà fragile. Si la Russie poursuit sur cette voie, les coûts qui lui seront infligés continueront de croître", a déclaré mardi le président américain Barack Obama.

Pour la première fois depuis le début de la crise, Européens et Américains, qui s'en tenaient jusque-là à des sanctions visant les avoirs de personnalités ou d'entités précises, ciblent globalement des pans de l'économie russe.

"De telles décisions prises par Washington n'apporteront rien d'autre qu'une aggravations des relations américano-russes et créeront un environnement tout à fait défavorable aux affaires internationales, pour lesquelles la coopération entre nos Etat joue souvent un rôle décisif", a réagi le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué publié mercredi.

SUSPENSION DES IMPORTATIONS DE FRUITS ET LÉGUMES POLONAIS

Moscou estime que ces sanctions "destructrices et myopes" auront un impact pour l'Europe et les Etats-Unis.

Joignant le geste à la parole, les services fédéraux de surveillance vétérinaire et phytosanitaire ont annoncé la suspension de la plupart des importations de fruits et légumes produits en Pologne.

La mesure, prévient Moscou, pourrait être élargie à l'ensemble des pays de l'Union européenne. (voir

"En poursuivant sur la voie de ces sanctions de masse, Bruxelles élève elle-même des barrières qui feront obstacle à une coopération supplémentaire avec la Russie dans un domaine aussi crucial que l'énergie. C'est une décision insensée et irresponsable. Cela conduira inévitablement à une augmentation des prix sur les marchés européens", estime le ministère des Affaires étrangères.

Les banques russes VTB, Bank of Moscow et Russian Agriculture Bank ont dénoncé elles des sanctions "politiques" et "injustes". (voir

La compagnie gazière Novatek a indiqué qu'elle étudiait l'impact des sanctions sur ses co-entreprises avec des partenaires internationaux - Novatek travaille notamment avec la compagnie française Total, laquelle a annoncé qu'elle avait interrompu sa montée dans la capital de Novatek. (voir )

La Bourse de Moscou, dont les acteurs avaient largement anticipé ces nouvelles sanctions ces derniers jours, tirant la cote vers le bas, s'est redressée mercredi, l'indice Micex gagnant près de 1% et l'indice RTS libellé en dollars reprenant 1,25%. (Mathilde Gardin, Simon Carraud et Henri-Pierre André pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : NOVATEK OAO, TOTAL, Rosneft' NK OAO, BP plc