Zurich (awp) - Le spécialiste vaudois des encres de sécurité Sicpa, dans le collimateur du Ministère public de la Confédération (MPC) depuis quatre ans, aurait décroché un contrat de plusieurs milliards de dollars au Brésil grâce à des actes de corruption active d'un de ses ex-dirigeants, condamné en première instance à une peine de prison de 11 ans et demi par un tribunal de Rio de Janeiro.

Une enquête initiée par la police fédérale brésilienne en 2015 a permis d'établir que l'ancien cadre de Sicpa a procédé entre 2009 et 2015 au paiement de pots-de-vin pour un montant avoisinant les 15 millions de dollars, afin de garantir un contrat avec l'institut national d'émission de monnaie (Casa da Moeda).

Deux autres personnes ont été condamnées par la justice brésilienne, dont un ancien agent du fisc. C'est ce dernier qui aurait fait en sorte que la société basée à Prilly décroche un contrat estimé à 3,3 milliards de dollars pour des services liés au système de contrôle de production de boissons (Sicobe), pouvait-on lire mardi dans les pages lusophones de Swissinfo.

Crime par métier

Dans un communiqué, le Ministère public brésilien fustige l'ex-dirigeant suisse pour avoir "adopté des méthodes criminelles comme une véritable manière de gérer les intérêts de son entreprise", soulignant que du fait de "sa formation et de sa trajectoire professionnelle", le condamné ne pouvait pas ignorer "le caractère illicite de sa conduite et ses conséquences néfastes".

Les versements étaient effectués à partir de comptes basés aux Etats-Unis comme paiements de services fictifs au bénéfice d'une entreprise dont l'épouse du haut fonctionnaire - également condamnée pour corruption passive - était l'ayant-droit économique.

Sollicitée, la direction de Sicpa a assuré que "l'affaire en question n'est pas nouvelle", rappelant que l'ouverture de la procédure pénale du MPC remonte à quatre ans "en réponse à une demande d'entraide judiciaire liée aux enquêtes au Brésil".

Début juin, la société basée à Prilly avait affirmé dans une prise de position envoyée à la RTS avoir procédé à "une revue complète de nos procédures anti-corruption, que nous estimons au niveau des meilleures pratiques", soulignant que "l'enquête au Brésil n'a jamais abouti à des actions juridiques contre des employés ou d'autres personnes liées à Sicpa".

De son côté, le MPC, tout en confirmant la procédure pénale ouverte à l'encontre de l'entreprise et de deux personnes physiques "notamment pour corruption active d'agents étrangers", a rappelé la prévalence de la présomption d'innocence de toutes les parties concernées.

buc/ck