Le tableau qui suit et que nous allons commenter a été réalisé par le groupe financier américain First Trust. Il liste les performances 2020 de trois indices américains et des 11 secteurs qui les composent. Au total, ces trois indices constituent le S&P Composite 1500 Index, qui couvre à peu près 90% de la capitalisation des marchés américains. Le tableau est scindé en trois, avec une première colonne pour les grandes entreprises cotées aux États-Unis (S&P 500), une seconde colonne qui concerne les valeurs moyennes (S&P MidCap 400) et la dernière dédiée aux petites capitalisations (S&P SmallCap 600).

First Trust
Source First Trust avec Bloomberg

Sans surprise, puisque c'est une constante cette année à Wall Street, les grandes valeurs ont fait mieux que les petites. L'indice S&P 500 est même légèrement en territoire positif, ce qui marque une nette surperformance de près de 14% par rapport aux valeurs moyennes et de 20% par rapport aux petites valeurs. Au niveau sectoriel, des écarts très importants se sont creusés. Citons notamment :

  • La très grosse performance des grands acteurs de la Technologie (près de 22% de gains) alors que les mêmes valeurs de taille moyenne ont perdu -4,5% et que les petites valeurs du secteur se sont enfoncées de -13,5%.
  • 6 secteurs sur 11 évoluent dans le vert au sein du S&P 500, contre 3 seulement pour les valeurs moyennes et aucun pour les petites valeurs.
  • Quelle que soit la taille, les secteurs de l'Energie et de la Finance ont été sévèrement éprouvés, même si les performances se dégradent à mesure que la taille des sociétés se réduit.
  • Le seul secteur avec une évolution à peu près cohérente entre les trois tailles est celui de la Santé, avec des variations qui vont d'une hausse de 4,9% pour les valeurs moyennes à une baisse de 3,7% pour les petites valeurs, les grosses valeurs sous-performant d'ailleurs légèrement les moyennes avec une hausse limitée à 1,35%.
  • La Santé et la Consommation de Base sont les deux secteurs pour lesquels les valeurs moyennes font mieux que les grosses.

First Trust souligne qu'en dépit de la contraction récente affichée par les trois indices, ils ont nettement remonté la pente par rapport à leurs planchers 2020, qui datent tous au 23 mars dernier. Ce tableau illustre une nouvelle fois le pouvoir de traction de quelques secteurs et le fait que les grosses capitalisations sont l'arbre qui cache la forêt.

Pour compléter, intéressons-nous au marché européen. Le gros décalage par capitalisation est moins facile à suivre à cause de la disparité des marchés et de l'absence d'indices de taille paneuropéens comparables à ceux que nous venons de citer. Si l'on s'intéresse aux trois tranches de l'indice STOXX Europe 600 (Large, Mid et Small, qui comptent chacun 200 valeurs en fonction de leur taille), aucun enseignement ne se détache vraiment.

STOXX Europe 600 en tranches

Depuis le 1er janvier, la poche "Small" a perdu -13% et surperforme la poche "Large" (-15,3%) et la poche "Mid" (-17,1%). Nous voilà bien avancés. On pourra rétorquer que le STOXX Europe 600 regroupe les plus grosses valeurs du vieux continent et qu'il faudrait le considérer comme l'équivalent du S&P 500 et aller chercher d'autres indices pour cibler les 600 dossiers suivants pour la sélection "Mid" puis les 600 autres pour constituer la poche "Small".

Mais manifestement, les écarts constatés aux Etats-Unis ne sont pas aussi conséquents, ni même cohérents avec ceux qui sont visibles en Europe. En se basant sur deux ETF iShares, le STOXX Europe 600 a perdu environ 12% depuis le 1er janvier, tandis que le MSCI Europe Small Cap (432 petites capitalisations européennes) ne perd que… 10,8%. En Europe, les petites valeurs ont du répondant. Il s'agit d'une décorrélation de plus entre les deux côtés de l'Atlantique.