L'industrie américaine du transport routier, qui pèse 906 milliards de dollars, se remettait à peine d'une récession de près de trois ans avant l'entrée en fonction de Donald Trump le 20 janvier dernier. Maintenant que les droits de douane imposés par M. Trump sont en vigueur, la reprise espérée par le secteur est compromise.
Ce mois-ci, les camionneurs transportent plus de marchandises qu'au plus fort de la pandémie en 2021, grâce à la volonté d'éviter les droits de douane, a déclaré à Reuters Dean Croke, analyste principal chez Roper Technologies' DAT Freight and Analytics.
Ce volume masque la détérioration de la demande dans des secteurs clés, en particulier l'industrie manufacturière nationale, qui représente plus de 60 % des tonnes-milles parcourues par les poids lourds, et les importations maritimes.
« La situation s'est rapidement détériorée avec cette guerre commerciale qui se profile », a déclaré M. Croke à propos des perspectives du transport routier aux États-Unis.
« Aucun signe n'est encourageant en ce qui concerne la demande de transport routier. »
Lundi, le tarif au comptant pour un semi-remorque de marchandises, appelé « dry van », était de 1,60 dollar par mile, hors carburant, en légère hausse par rapport à 1,54 dollar un an plus tôt, a déclaré M. Croke. Il s'attend à ce que le volume reste stable en 2025, avec des hausses de tarifs faibles, voire inexistantes.
« Les discussions sur les droits de douane et la politique commerciale fluctuante ont incité les expéditeurs à faire preuve de plus de prudence, ce qui a freiné la dynamique du marché », a déclaré Adam Miller, PDG de Knight-Swift Transportation Holdings, lors de la conférence téléphonique sur les résultats de la société mercredi.
Et si Knight-Swift obtient des augmentations de tarifs dans certains nouveaux contrats, cette tendance pourrait s'inverser si les volumes et les tarifs spot concurrents restent faibles, a-t-il ajouté.
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Le sort des camionneurs américains est important, car ils touchent pratiquement tous les secteurs de l'économie américaine et sont parmi les premiers à enregistrer des changements dans l'activité commerciale.
En janvier, l'American Trucking Associations (ATA) a prévu une croissance du volume de l'industrie de 1,6 % pour 2025. L'ATA n'a pas répondu à nos demandes de commentaires.
Par ailleurs, le secteur manufacturier américain, qui est vital, s'est contracté en mars après deux mois consécutifs de croissance.
La construction résidentielle américaine risque de ralentir, après une faiblesse inattendue des permis de construire et des mises en chantier de maisons individuelles jusqu'en mars.
En outre, les entreprises américaines qui importent des produits chinois ont suspendu leurs commandes après que le président Trump a imposé des droits de douane de 145 % sur les produits chinois. La Chine a riposté en imposant des droits de douane de 125 % sur les produits américains, notamment le bœuf et d'autres exportations pouvant être transportées par camion.
La Chine représentait près d'un tiers du volume des importations maritimes américaines en mars et a contribué à porter les importations maritimes américaines à un niveau presque record depuis le début de l'année.
Les prévisionnistes et certains dirigeants portuaires ont déclaré s'attendre à un renversement de tendance dès le mois de mai.
De même, les valeurs du secteur des transports souffrent des tensions commerciales, alors qu'elles figuraient parmi les grands gagnants de la réélection de Donald Trump.
À la clôture des marchés mercredi, l'indice Dow Jones Transportation Average avait perdu 15,4 % depuis le début de l'année, contre une baisse de 8,9 % pour le S&P 500.
De nombreuses entreprises de transport routier américaines fonctionnent déjà avec des marges faibles, voire inexistantes, a déclaré Shelley Simpson, PDG de J.B. Hunt, qui compte le géant de la distribution Walmart parmi ses clients. La concurrence intense fait que les augmentations de tarifs ne parviennent pas à suivre la hausse des coûts d'exploitation.
« Je n'ai jamais vu une récession (du fret) durer trois ans », a déclaré M. Simpson lors de la conférence téléphonique sur les résultats de la société la semaine dernière.
Tout le monde tient bon. » (Reportage de Lisa Baertlein à Los Angeles. Édité par Mark Potter)
