Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales sont plutôt moroses mercredi, digérant un indicateur d'emploi américain et des informations de presse selon lesquelles Donald Trump envisagerait de déclarer l'état d'urgence économique pour augmenter rapidement les droits de douane.

A Wall Street, le Nasdaq (-0,29%), le S&P 500 (-0,17%) et le Dow Jones (-0,20%) étaient en petite baisse vers 17H10 GMT.

Paris a reculé de 0,49% à la clôture, quand Francfort (-0,05%) et Londres (+0,07%) se sont approchés de l'équilibre. Milan a progressé de 0,49%. A Zurich, le SMI a gagné 0,38%.

Plus tôt, le marché "à fleur de peau" a "sur-réagi" à la publication d'un article de CNN, observe Frédéric Rozier, gérant de portefeuilles chez Mirabaud, interrogé par l'AFP.

Selon le média américain, qui cite quatre sources proches du dossier, le président élu américain envisagerait une déclaration d'urgence économique nationale lui permettant d'obtenir un cadre juridique qui autorise l'exécution "d'une panoplie de droits de douane sur les alliés et les adversaires" des États-Unis.

Pendant sa campagne présidentielle, Donald Trump a envisagé d'imposer 10 à 20% de droits de douane sur l'ensemble des produits entrants aux États-Unis, et même jusqu'à 60%, voire 100% sur ceux venant de Chine. Ses premières annonces ont porté sur une imposition de 25% sur les produits en provenance du Canada et du Mexique.

De telles décisions viendraient notamment relancer l'inflation aux États-Unis, assurent de nombreux experts, ce que réfute Donald Trump.

Alors que l'économie américaine reste très solide, l'inflation, de 2,4% en novembre, n'est toujours pas revenue à la cible de 2% qu'impose le mandat de la Réserve fédérale américaine (Fed) et a même semblé s'accélérer de nouveau légèrement en fin d'année.

"Le marché suit les rendements élevés des emprunts d'Etat américain et cela exerce une pression sur les actions", commente Peter Cardillo de Spartan Capital Securities.

Le rendement des obligations de l'Etat américain à échéance 10 ans atteignait 4,68% vers 17H00 GMT après une poussée la veille. Son équivalent allemand évoluait à 2,55%, contre 2,48% mardi et le français passait de 3,30% à 3,36%.

Les rendements des emprunts à 30 ans de l'Etat britannique ont atteint mercredi un nouveau sommet depuis 1998.

Côté devises, le dollar grimpait de 0,89% par rapport à la livre, à 1,2367 dollar pour une livre.

Les investisseurs digèrent également les chiffres des créations d'emplois aux Etats-Unis publiés ce mercredi.

Selon l'enquête mensuelle ADP/Stanford, les entreprises du secteur privé aux Etats-Unis ont créé en décembre 122.000 emplois, un nombre moins élevé qu'attendu, et la progression des salaires a ralenti.

A 19h00 GMT, les investisseurs suivront la publication des minutes de la dernière réunion du comité monétaire de la Fed qui s'est tenue le 18 décembre.

Cela "peut encore faire bouger les marchés", estime Frédéric Rozier.

Selon lui, les investisseurs attendent la confirmation "que la Fed n'ira pas très loin dans la baisse de taux". Le consensus des marchés est similaire à la position de l'institution monétaire, qui a laissé entendre dernièrement qu'elle ne réaliserait que deux baisses de taux supplémentaires en 2025.

La défense boostée ___

Les actions de la défense montaient après que Donald Trump a relancé mardi ses accusations envers l'Otan, répétant que ses membres ne payent pas suffisamment en échange de la protection des Etats-Unis.

Pour lui, les États membres doivent accroître leur budget de défense à 5% de leur PIB, contre les 2% actuellement requis.

En Europe, Leonardo a pris 4,08%, Saab 3,44%, Rheinmetall 5,15%, Thales 4,23% et Dassault Aviation, qui a vendu 21 Rafale en 2024 contre seulement 13 en 2023, a gagné 4,94%.

Grosses pertes dans l'informatique ___

A l'image de Rigetti (-46,57% à 17H00 GMT) et de IonQ (-42,53%), le secteur de l'informatique quantique s'effondrait après que le patron de Nvidia (+0,39%), Jensen Huang, a déclaré mardi que les ordinateurs quantiques ne seraient pas disponibles avant de nombreuses années.

Pétrole en hausse ___

Vers 17H00 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord reculait de 1,08% à 76,22 dollars et son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) perdait aussi 1,08% à 73,45 dollars.

Le bitcoin lâchait 1,79%, à 94.752 dollars.

afp/rp