Paris (awp/afp) - Les Bourses européennes résistent vendredi aux fortes pertes enregistrées la veille par Wall Street et Tokyo, plombés par les valeurs technologiques, dans un environnement très incertain à l'approche de l'élection présidentielle américaine et en période de résultats d'entreprises.
En Europe, Paris gagnait 0,43%, Londres 0,44%, Francfort 0,31%, Milan 0,39% et Zurich 0,68% vers 08H45 GMT.
Pour Stephen Innes, analyste chez SPI AM, les investisseurs font face à un "vendredi fragile", avec "des rendements obligataires élevés et en hausse qui pèsent sur les actifs à risque" comme les actions, mais aussi "la hausse des coûts de l'intelligente artificielle (...) qui freinent le rallye des méga-capitalisations des grandes entreprises technologiques".
Wall Street a en effet terminé en forte baisse jeudi, les résultats de Meta et Microsoft ayant jeté un froid sur le marché, qui voit s'accumuler les investissements dans l'intelligence artificielle sans que les revenus suivent.
Le Nasdaq - à forte dominante technologique - a dévissé de 2,76%, le Dow Jones a perdu 0,90% et l'indice élargi S&P 500 1,86%.
Après de telles baisses, "il ne faut pas s'attendre à ce que Wall Street envoie des signaux positifs" aux marchés européens, résume M. Innes.
Le secteur de la technologie a aussi pénalisé Tokyo, la vedette Nikkei plongeant de 2,26%.
Ailleurs en Asie, "les marchés de la Chine continentale et de Hong Kong ont (mieux) résisté", Hong Kong gagnant 0,93%, commente Jim Reid, économiste de Deutsche Bank, les investisseurs se montrant rassurés après la publication d'un indicateur économique encourageant.
L'activité manufacturière en Chine a retrouvé des couleurs en octobre, s'établissant à 50,3 points le mois dernier - contre 49,3 points en septembre selon un indice indépendant publié vendredi. Un chiffre supérieur à 50 témoigne d'une expansion de l'activité. En deçà, il traduit une contraction.
Côté agenda économique, "l'attention des investisseurs restera concentrée sur les États-Unis (vendredi), avec le rapport sur l'emploi américain d'octobre, qui est le dernier avant la décision de la Fed (Réserve fédérale américaine, ndlr) la semaine prochaine", rappelle Jim Reid.
Par ailleurs, "tous les yeux sont rivés sur les obligations américaines, où le compte à rebours avant l'élection présidentielle américaine a fait monter la tension", estime Stephen Innes.
Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans évolue toujours à des niveaux proches de son plus haut depuis juillet. Les taux des bons du Trésor évoluent en sens opposé de leur prix.
"Nous nous trouvons dans un environnement où l'on est avide de toute raison de se débarrasser des obligations, même momentanément, avant les élections", où les prévisions penchent "vers des rendements plus élevés en cas de victoire de Trump", explique M. Innes.
L'or reprend son souffle, le pétrole grimpe
L'or prend une pause, évoluant en petite hausse de 0,38% à 2.754,49 dollars l'once, au lendemain d'un nouveau record historique à plus de 2.790 dollars l'once.
"Les investisseurs en or semblent s'être livrés à quelques prises de bénéfices, avant des d'événements clés", notamment "le rapport sur l'emploi américain et l'élection présidentielle américaine", explique Han Tan, analyste chez Exinity.
Côté pétrole, vers 08H45 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord prenait 2,67% à 74,76 dollars, et son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), montait de 2,90% à 71,27 dollars le baril, poussés par le risque géopolitique.
"Les craintes géopolitiques reviennent sur les marchés à la suite d'informations selon lesquelles l'Iran pourrait lancer des attaques de représailles contre Israël", affirme M. Tan.
Le bitcoin se détend
Le bitcoin est passé sous le seuil des 70.000 dollars, perdant 0,81% à 69.365,52 dollars vers 08H45 GMT.
Stephen Innes attribue cette baisse aux cotes qui "se sont resserrées après des paris importants sur une victoire de Harris dans le Michigan".
La monnaie numérique s'était envolée en milieu de semaine et avait approché un record absolu à plus de 73.300 dollars, dopée par la perspective d'une victoire de Donald Trump, favorable à une réglementation très assouplie pour le bitcoin, et susceptible d'alimenter les dérapages budgétaires.
Côté devises, le dollar prenait 0,19% face à la monnaie unique, à 1,0862 dollar pour un euro.
afp/al