Washington (awp/afp) - Les marchés mondiaux ont reculé vendredi, minés par les menaces brandies par le président américain d'imposer 50% de droits de douane aux produits de l'Union européenne importés aux Etats-Unis à compter du 1er juin et d'une surtaxe de minimum 25% sur les produits Apple.

"Il est très difficile de traiter avec l'UE, qui a été créée en premier lieu pour profiter des Etats-Unis d'un point de vue commercial. (...) Nos discussions ne vont nulle part", a écrit le président américain sur sa plateforme Truth Social.

La Maison Blanche avait initialement prévu de taxer les produits européens à hauteur de 20%, avant d'annoncer dans la foulée une pause de 90 jours sur les droits de douane au-delà de 10%, le temps de laisser les négociations arriver à leur terme, théoriquement le 8 juillet.

Prises par surprise, les Bourses européennes ont terminé en forte baisse vendredi: la Bourse de Paris a chuté de 1,65%, après avoir perdu brièvement plus de 3% en séance, Francfort a reculé de 1,54% et Milan de 1,94%. Londres n'a perdu que 0,24%, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ayant déjà conclu un accord commercial début mai. A Zurich, le SMI a cédé 0,58%.

A Wall Street, le Dow Jones a reculé de 0,61%, l'indice Nasdaq a perdu 1,00% et l'indice élargi S&P 500 a lâché 0,67%.

"Donald Trump a renouvelé les craintes concernant les droits de douane", résume auprès de l'AFP Peter Cardillo, de Spartan Capital Securities.

"Les droits de douane, combinés à la politique fiscale soutenue par Donald Trump résument les risques auxquels l'économie américaine est confrontée", commente Nicolas Sopel, stratégiste de la banque privée Quintet.

La Chambre des représentants américaine a adopté jeudi le mégaprojet de loi budgétaire voulu par Trump, qui espère concrétiser certaines promesses phares de sa campagne comme la prolongation de gigantesques crédits d'impôt de son premier mandat.

Selon différents analystes indépendants, prolonger les crédits d'impôts pourrait accroître le déficit de l'Etat fédéral de 2.000 milliards à 4.000 milliards de dollars sur la prochaine décennie.

Sur le marché obligataire américain, le taux de rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans se détendait légèrement, évoluant autour de 4,51% vers 20H30 GMT contre 4,53% la veille et celui à 30 ans était de 5,03% alors qu'il s'approchait des niveaux de 2007 en début de séance jeudi.

Apple flanche, également visé ___

M. Trump a par ailleurs assuré vendredi qu'Apple "devra payer des droits de douane d'au moins 25%" si l'entreprise ne fabriquait pas ses iPhone aux Etats-Unis. Il a précisé que tous les fabricants de smartphones s'exposaient à ces surtaxes plus tard dans la journée.

Selon M. Cardillo, "cela a évidemment coupé l'herbe sous le pied d'Apple" qui a reculé de 3,02% à 195,27 dollars.

La plupart des observateurs jugent toutefois l'idée d'une production américaine irréaliste à court terme.

"Il est possible d'implanter l'assemblage final aux Etats-Unis", ont commenté les analystes de Bank of America dans une note, "mais le faire pour toute la chaîne d'approvisionnement serait un projet bien plus lourd, qui prendrait probablement des années, si tant est que cela soit faisable."

Les banques plient ___

"Les investisseurs anticipent le fait que les droits de douane vont faire plonger les deux zones économiques (Etats-Unis et UE, ndlr) en récession, en bloquant les échanges commerciaux", a commenté auprès de l'AFP Aurélien Buffault, gérant obligataires de Delubac AM.

Une crainte qui peut faire baisser le secteur bancaire en Bourse, le marché anticipant "une moindre demande de crédit" en cas de trop fort ralentissement de l'économie, commente Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés chez IG France.

A la cote européenne, Société Générale a cédé 2,66%, Crédit agricole 1,96%, BNP Paribas 2,14%, Intesa Sanpaolo 3,49%, Monte dei Paschi di Siena 2,82%, UniCredit 2,97% et Barclays 1,03%.

Vers 20H37 GMT, le dollar reculait de 0,76% par rapport à l'euro, à 1,1367 dollar

Côté pétrole, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a gagné 0,53% à 64,78 dollars et le baril de West Texas Intermediate a pris 0,54% à 61,53 dollars.

U.S Steel s'envole ___

Le titre du géant américain de la sidérurgie U.S. Steel s'est envolé (+21,61% à 52,17 dollars) après l'annonce par Donald Trump sur son réseau social Truth de la signature d'un "partenariat" avec son concurrent japonais Nippon Steel.

Selon le président, les deux groupes sont parvenus à "un accord pour un partenariat planifié, qui ajoutera 70.000 emplois et 14 milliards de dollars dans l'économie américaine. L'essentiel de cet investissement sera réalisé dans les 14 prochains mois".

afp/rp