Washington (awp/afp) - Les Bourses mondiales ont manqué d'impulsion mercredi, digérant le rebond de l'inflation américaine et la politique commerciale offensive promise par Donald Trump, tandis que la place parisienne a particulièrement souffert de la crise politique autour du budget en France.
A Wall Street, le Dow Jones a perdu 0,31% et l'indice élargi S&P 500 a cédé 0,38%. L'indice Nasdaq, à forte composante technologique, a lâché 0,60%, plombé par le recul de plusieurs grandes capitalisations du secteur.
L'inflation a comme attendu rebondi en octobre aux États-Unis, à 2,3% sur un an contre 2,1% en septembre, selon l'indice PCE, mesure privilégiée par la Réserve fédérale américaine (Fed).
"Le marché (...) essaie de déterminer si cela signifie que la Fed va procéder à une nouvelle réduction des taux cette année ou si elle va repousser cette réduction à l'année prochaine", a commenté auprès de l'AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.
Cette évolution va "contraindre la Fed à ralentir son calendrier de baisse des taux", ce qui déplaît aux marchés des actions, a résumé de son côté Guillaume Chaloin, directeur de la gestion actions de Delubac AM.
La publication des minutes de la Fed mardi a déjà révélé que tous les responsables de l'institution financière estimaient que sa politique d'assouplissement monétaire devrait être réalisée "graduellement".
Les échanges sont toutefois restés limités à Wall Street à la veille du jour férié de Thanksgiving, lors duquel les marchés américains seront fermés. La séance de vendredi sera quant à elle amputée de trois heures.
"C'est l'une de ces semaines étranges où l'on empile tout en quelques jours et où le marché essaie de s'adapter en temps réel", a observé M. Hogan.
Dans ce contexte, les indices européens sont eux aussi globalement en retrait, craignant l'impact de la politique commerciale offensive promise par Donald Trump.
Ce dernier a désigné cette semaine comme représentant au Commerce (USTR) de la Maison Blanche Jamieson Greer, un avocat en droit commercial international qui s'était déjà illustré dans une politique offensive contre la Chine.
Francfort a reculé de 0,18%, Milan a perdu 0,23% et Londres a pris 0,20%. A Zurich, le SMI a gagné 0,10%.
La Bourse de Paris a elle reculé nettement, de 0,72%, la crise politique française poussant les investisseurs à bouder les actifs bleu blanc rouge, en attendant d'y voir plus clair.
Faute de majorité à l'Assemblée nationale, le gouvernement pourrait utiliser l'article 49.3 de la Constitution française, permettant au gouvernement de faire passer son budget sans vote. Cette procédure ouvre la voie à une motion de censure, que la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP) a déjà promis de déposer.
Si le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) s'y rallie, le gouvernement Barnier tombera, de même que le projet de budget pour 2025.
Cette instabilité se paye sur le marché de la dette souveraine, où l'écart entre les taux d'emprunt français (3,01% vers 16H50 GMT) et allemand (2,15%) à échéance dix ans a continué de se creuser au détriment de la France et reste depuis mardi au plus haut depuis juillet 2012. Il a frôlé 0,90 point en début de séance.
Le taux français a même légèrement dépassé celui de la Grèce plusieurs fois durant la séance, une situation inédite et particulièrement symbolique, après la faillite grecque de 2015.
Les bancaires françaises mal en point ___
Le secteur bancaire en France pâtit de cette situation. A Paris, Axa a chuté de 4,31%, Société Générale de 3,48%, Crédit Agricole de 1,34% et BNP Paribas de 1,19%.
"Le raisonnement des investisseurs, c'est que dans le cas extrême d'un défaut de la France, les banques qui détiennent en masse des obligations seront touchées", commente Guillaume Chaloin.
A Francfort, le titre de Commerzbank (-1,60%) a reculé alors que les signaux s'accumulent laissant penser que la concurrente italienne UniCredit (-0,15% à Milan) abandonnerait ses visées d'un rachat de la deuxième banque allemande. Deutsche Bank (-0,63%) est également délaissée.
Le pétrole se stabilise ___
Les cours du pétrole sont restés stables mercredi, fléchissant légèrement après un rapport montrant un sursaut de la production aux Etats-Unis, mais finalement soutenus par la perspective d'un maintien des quotas de production du cartel Opep+ à l'issue de sa réunion dimanche.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a grappillé 0,03% à 72.83 dollars, tandis que son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison le même mois, s'est effrité de 0,07% à 68.72 dollars.
Sur le marché des changes, la devise américaine a reculé de 0,81% par rapport à l'euro, à 1,0575 dollar pour un euro.
Côté cryptoactifs, le bitcoin restait sous le seuil des 100.000 dollars effleuré en fin de semaine dernière. Vers 22H00 GMT, il s'établissait à 96.386 dollars.
afp/rp