Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales évoluent en petite baisse mercredi, lestées par la hausse des rendements sur le marché de la dette des États, dans un contexte de négociations budgétaires tendues à Washington.

"Les investisseurs digèrent le chaos croissant sur les marchés obligataires mondiaux", commente Fawad Razaqzada, analyste de marché chez City Index.

Le rendement des obligations japonaises à 30 ans a atteint mercredi un record historique à 3,19%, un record depuis 1999, début de l'enregistrement des données.

"Cela peut sembler faible selon les normes occidentales, mais pour un pays longtemps associé aux taux ultra-bas, c'est un changement de paradigme", explique M. Razaqzada.

"Fait inquiétant: le Japon détient 1.100 milliards de dollars de Treasuries", la dette américaine. "Si Tokyo est contraint de (...) de soutenir son marché intérieur en vendant ces actifs, les rendements américains pourraient s'envoler", poursuit l'analyste.

Les taux d'intérêt de l'emprunt de référence à dix ans américain atteignaient quant à eux 4,53% vers 14H00 GMT, contre 4,48% la veille, après avoir flambé en début de semaine avec la dégradation vendredi de la note de la dette des Etats-Unis par l'agence Moody's.

Désormais, "tous les regards sont tournés vers la loi budgétaire que l'administration Trump cherche à faire adopter, car l'accord final déterminera en grande partie l'ampleur du déficit américain dans les années à venir", commentent les analystes de Deutsche Bank.

Donald Trump a exhorté mardi au Congrès les élus républicains à soutenir son texte qui concrétiserait certaines de ses promesses-phares, mais qui risque d'accroître fortement le déficit et de restreindre l'accès aux soins pour des millions d'Américains.

"L'inquiétude est simple: si les Etats-Unis ne parviennent pas à réduire les dépenses tout en adoptant de vastes réductions fiscales, le déficit continuera à augmenter", explique Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.

"La vente mondiale d'obligations n'a pas eu de conséquences majeures sur les marchés boursiers", qui restent calmes, constate Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB.

En Europe, vers 14H00 GMT, la Bourse de Paris perdait 0,23%, quand Francfort prenait 0,30%, Milan 0,04% et Londres 0,08%. A Zurich, le SMI reculait de 0,29%.

A Wall Street, dans les premiers échanges, le Dow Jones reculait de 0,75%, l'indice Nasdaq perdait 0,23% et l'indice élargi S&P 500 lâchait 0,46%.

Retour du risque géopolitique ___

"Une escalade du conflit au Moyen-Orient revient sur la liste des préoccupations après des informations selon lesquelles Israël pourrait planifier de frapper des sites nucléaires iraniens", souligne Susannah Streeter, responsable des finances et des marchés chez Hargreaves Lansdown.

Ces nouvelles interviennent alors que des négociations sont en cours sous la médiation d'Oman entre l'Iran et les Etats-Unis depuis le 12 avril, visant à conclure un nouvel accord pour encadrer le programme nucléaire de Téhéran.

Les investisseurs redoutent qu'une attaque entraîne une coupure de la production de pétrole de l'Iran, important pays producteur, de quoi pousser les prix de l'or noir.

Vers 14H00 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord prenait 0,73% à 65,86 dollars, et celui de son équivalent américain, le WTI, prenait 0,87% à 62,57 dollars.

"La situation en Ukraine est également une nouvelle source d'inquiétude, bien que Trump ait déclaré que des négociations pour une trêve commenceront bientôt", note M. Streeter.

L'or, valeur refuge recherchée en période d'incertitude, gagnait aussi du terrain, prenant 0,30% à environ 3.300 dollars l'once.

La défense dans le vert ___

Face à l'absence, pour l'heure, de perspectives de paix crédible entre l'Ukraine et la Russie qui mène une guerre d'invasion, plusieurs États de la zone euro envisagent d'augmenter leurs budgets militaires comme jamais depuis la fin de la Guerre froide.

Vers 14H00 GMT, Thales prenait 1,22% à Paris, Rheinmetall gagnait 1,04% et Hensoldt 4,07% à Francfort, Saab prenait 1,93% à Stockholm. Leonardo montait de 1,92% à Milan et BAE Systems de 2,09% à Londres.

La Banque centrale européenne (BCE) a toutefois averti mercredi que les hausses prévues des dépenses de défense pourraient raviver les inquiétudes sur la dette de certains Etats, si elles ne s'accompagnent pas d'une croissance suffisante.

afp/rp