Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales accueillent avec méfiance des données performantes sur l'emploi américain qui pourraient retarder les baisses de taux de la Fed et entraînent des tensions record sur le marché obligataire ainsi qu'une envolée du dollar.

En Europe, la Bourse de Paris perdait 0,45%, Francfort 0,12%, Londres 0,65% et Zurich 0,90% vers 15H30 GMT.

A New York, le Nasdaq chutait de 1,57%, le Dow Jones de 1,24% et le S&P 500 de 1,30%.

Les créations d'emploi se sont accélérées au mois de décembre aux Etats-Unis, entraînant le taux de chômage en légère baisse et prenant à revers les attentes des marchés qui anticipaient un ralentissement.

Sur le dernier mois de l'année, 256.000 emplois ont été créés, davantage que le mois précédent dont les chiffres ont en revanche été révisés en légère baisse (212.000 contre 227.000 initialement), ramenant le chômage à 4,1% (-0,1 point), selon les données officielles publiées vendredi.

Les analystes tablaient au contraire sur un ralentissement des créations d'emploi et un taux de chômage stable, selon le consensus publié par briefing.com.

Pour les marchés, malgré une création d'emplois qui "reste forte", les inquiétudes "concernant la persistance de l'inflation" sont tenaces, indique Florian Ielpo, responsable de recherche macroéconomique pour Lombard Odier IM.

Les principaux taux de la banque centrale américaine sont situés dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50% et aucune baisse n'est attendue par les marchés lors de la prochaine réunion, prévue fin janvier.

Les analystes s'attendaient jusqu'ici, comme l'avait laissé penser l'institution fin 2024, à deux baisses de 0,25 point des taux en 2025.

Sur le marché obligataire, la publication a également encouragé la flambée des taux longs.

Le rendement des emprunts d'Etat américain à dix ans a atteint un plus haut depuis octobre 2023 et ressortait à 4,80% vers 15H00 GMT contre 4,69% jeudi en clôture.

En Europe, le rendement à 10 ans de la France (+3,42% à 15H00 GMT contre +3,39% la veille) a atteint vendredi son plus haut niveau depuis novembre 2023, et celui de l'Allemagne (2,59%) a touché un nouveau plus haut depuis juillet 2024.

Le taux d'emprunt des obligations britanniques à 30 ans a enregistré jeudi un nouveau sommet depuis juillet 1998, et les rendements des emprunts à 10 ans de l'Etat britannique sont au plus haut depuis juillet 2008.

Depuis le début de l'année, ces taux d'emprunt augmentent en raison de l'inflation, et "cette hausse reflète également les préoccupations croissantes concernant les politiques fiscales et les déficits publics renouvelés observés cette année dans diverses régions", pose Florian Ielpo.

Dans le sillage du rapport sur l'emploi américain, le dollar est monté en flèche, l'indice Dollar Index, qui compare le billet vert à un panier de devises, atteignant son plus haut depuis novembre 2022, à 109,966 points.

Le Brent dépasse 80 dollars

Les cours du pétrole progressent fortement vendredi, poussés par d'éventuelles sanctions à venir de la part des Etats-Unis contre la "flotte fantôme" russe, ce qui pourrait avoir un impact sur les exportations pétrolières du Kremlin.

Vers 15H00 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, montait de 4,25% à 80,19 dollars, dépassant la barre des 80 dollars pour la première fois depuis octobre 2024.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison en février, augmentait de 4,50% à 77,25 dollars.

Le gaz naturel se plaçait quant à lui sous la barre des 45 euros le mégawattheure (MWh), stable à 44,98 euros.

Le bitcoin gagnait 1,59% à 93.575 dollars.

L'Ethiopie lance sa Bourse

L'Ethiopie doit officiellement lancer vendredi sa Bourse, nouvelle étape de la libéralisation voulue par le premier ministre Abiy Ahmed dans ce pays d'Afrique de l'Est où l'économie est encore largement administrée.

Le dernier marché d'actions du pays avait été fermé il y a près de 50 ans après la chute de l'empereur Hailé Sélassié en 1974 et l'arrivée au pouvoir d'un régime d'inspiration marxiste, le Derg, qui avait nationalisé l'économie.

afp/al