Au-delà du très court terme, il n'existe aucune alternative aux actions vu le niveau élevé persistant de la prime de risque actions au niveau mondial, à savoir l'écart entre le rendement des bénéfices des actions et le rendement réel des obligations d'Etat, estime Paul Doyle, Head of Europe ex-UK Equities chez Columbia Threadneedle Investments. Le rendement du dividende pour l'indice S&P 500 est actuellement de 1,6%, un niveau inférieur à sa moyenne à long terme de 4,3%, mais largement supérieur au rendement de 0,7% des bons du Trésor américain à 10 ans.

Si les dividendes versés devaient se maintenir aux niveaux actuels sur les 10 prochaines années, le S&P 500 devrait baisser de 9% pour égaler la performance des bons du Trésor à 10 ans. Avec une inflation approchant les 2% sur la même période de 10 ans, le S&P 500 devrait chuter de 25% pour arriver au niveau des bons du Trésor à 10 ans.

Le scénario est encore plus impressionnant en dehors des Etats-Unis ajoute Paul Doyle : les actions de la zone euro devraient reculer de 30% en termes réels et les actions britanniques de 50% pour égaler la performance des obligations.

Selon l'expert, aucun de ces scénarios n'est vraisemblable. Alors que le rendement des bénéfices aux Etats-Unis est bien inférieur à la moyenne, la prime de risque actions reste élevée car les rendements obligataires réels pointent de loin en territoire négatif.

La prime de risque actions se maintient en effet proche de son niveau de mars, tandis que les cours des actions ont atteint leurs planchers. Bien que les cours des actions aient rebondi et que les rendements du dividende aient chuté, la baisse des rendements obligataires réels s'est avérée similaire, observe Paul Doyle.

Si le marché a intégré dans les cours la baisse temporaire des bénéfices des entreprises dans le sillage du Covid-19, lesquels finiront par rebondir, il a également intégré la baisse de 94 pb du rendement des obligations sans risque à 30 ans depuis le début de l'année.

Si l'effet des bénéfices est temporaire, l'effet du taux d'actualisation est pour sa part permanent. Ainsi, en dépit des inquiétudes à court terme, les cours des actions devraient en réalité être plus élevés.

Par ailleurs, la politique monétaire est exceptionnellement accommodante. La Fed a promis de maintenir les taux inchangés jusqu'à ce que l'économie ait atteint le " plein emploi " et que l'inflation soit " en bonne voie pour dépasser légèrement 2% pendant un certain temps ".

Une majorité des membres du Federal Open Market Committee ne s'attend pas à une modification des taux avant au moins fin 2023. Si une augmentation des rendements obligataires est peu probable dans les prochaines années en l'absence d'inflation, il est tout aussi improbable qu'ils continuent de chuter étant donné qu'ils sont déjà très bas.

La prime de risque actions est suffisamment élevée pour que les actions puissent encore grimper, même si les rendements obligataires venaient à augmenter légèrement, estime Paul Doyle.