Charley Grant,

The Wall Street Journal

NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Les grandes biotech affichent actuellement leurs valorisations les plus faibles depuis des années. Il ne faut pas sous-estimer pour autant leur capacité à redresser rapidement la situation.

La saison des résultats du premier trimestre, qui vient tout juste de démarrer, ne manquera pas de mettre en évidence les difficultés auxquelles se heurtent ces grands laboratoires de biotechnologies, c'est-à-dire une croissance faible et peu de nouveaux traitements, un tableau qui contraste avec la situation de concurrents plus petits et plus spéculatifs. L'indice Nasdaq Biotechnology, qui est pondéré par la capitalisation boursière, a dégagé un rendement d'environ 9% au cours des 12 derniers mois. En comparaison, un indice équipondéré intégrant surtout des petites valeurs a généré un rendement d'environ 30%.

Cet affaiblissement a entraîné une baisse des valorisations. Gilead Sciences, Amgen, Celgene et Biogen affichent en moyenne un multiple inférieur à 11 fois les résultats ajustés attendus, selon FactSet. Le S&P 500 se négocie pour sa part avec un multiple d'environ 17. Même des entreprises en pleine croissance comme Regeneron Pharmaceuticals et Alexion Pharmaceuticals présentent des valorisations en ligne avec celles du marché, sensiblement inférieures à leurs niveaux d'il y a un an.

Pour la plupart des analystes, la croissance des ventes ne devrait globalement pas se révéler très significative cette année. Le rythme des innovations scientifiques est irrégulier et le secteur produit moins de médicaments susceptibles de devenir des blockbusters potentiels que par le passé.

Tout n'est pas noir pour autant. Malgré plusieurs années de controverse et de bras de fer avec Washington, les laboratoires pharmaceutiques restent libres d'augmenter leurs prix à leur convenance, même si la consolidation du secteur de l'assurance-santé limite un peu les rendements. Surtout, les laboratoires ont toujours plusieurs cordes à leur arc pour faire revenir les investisseurs.

Concernant le portefeuille de médicaments, la traversée du désert ne durera pas éternellement. Les grands acteurs du secteur peuvent également mettre la main sur de nouveaux traitements en s'offrant de petites biotechs susceptibles de générer à terme des ventes supérieures à 1 milliard de dollars par an. Gilead se négociait à environ 9 fois les résultats attendus en août 2017, lorsqu'il a racheté Kite Pharma, l'un des spécialistes de la thérapie cellulaire, pour près de 12 milliards de dollars en numéraire. L'opération n'aura aucun effet relutif sur les résultats du groupe au cours des deux années qui viennent, or l'action Gilead affiche maintenant un multiple de 11 fois les résultats ajustés attendus. D'autres opérations récentes, comme l'acquisition par Celgene de Juno Therapeutics pour 9 milliards de dollars ou celle d'AveXis par Novartis pour 8,7 milliards de dollars, pourraient également porter leurs fruits.

Un recentrage des activités constitue également un moyen de dégager de la valeur pour les actionnaires. La décision de Biogen de scinder sa division hémophilie en 2016 s'est révélée extrêmement juteuse pour ses actionnaires en début d'année, Sanofi ayant racheté Bioverativ avec une prime de 63%. Aux valorisations actuelles, d'autres laboratoires disposent d'actifs appréciables qui pourraient intéresser investisseurs ou acheteurs potentiels. Gilead, notamment, pourrait décider de séparer ses traitements contre l'hépatite C, en perte d'élan, de ses divisions VIH et oncologie.

Les grandes biotech n'ont peut-être plus la cote, mais elles ne manquent pas d'options.

-Charley Grant, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau) ed: ECH

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