Les autorités tanzaniennes ont arrêté un haut responsable de l'opposition alors qu'il s'apprêtait à partir pour une conférence politique en Belgique, a annoncé son parti mardi, sur fond de craintes croissantes d'une répression accrue à l'approche de l'élection d'octobre.

Alors que la présidente Samia Suluhu Hassan, candidate à sa réélection, affirme que son gouvernement est attaché au respect des droits humains, une série récente d'arrestations très médiatisées met son bilan en lumière.

Amani Golugwa, membre influent du principal parti d'opposition tanzanien CHADEMA, a été interpellé lundi à l'aéroport international Julius Nyerere, dans la capitale Dar es Salaam, a indiqué son parti sur X.

La police tanzanienne a confirmé l'arrestation via une publication sur son compte Instagram, précisant que Golugwa « a pour habitude de quitter et de revenir au pays sans suivre les procédures légales ».

« La zone spéciale de la police de Dar es Salaam poursuit son enquête sur cette affaire en collaboration avec d'autres organes de sécurité », ajoute la publication.

Un porte-parole du gouvernement n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.

Golugwa devait représenter son parti à Bruxelles lors d'un forum organisé par l'Union Démocratique Internationale (IDU), une coalition de partis de centre-droit à laquelle appartient le CHADEMA, aux côtés notamment des Conservateurs britanniques et des Républicains américains.

« L'IDU condamne fermement l'arrestation illégale et l'agression contre (Golugwa) du CHADEMA », a posté l'organisation sur X. « Réduire au silence les voix de l'opposition va à l'encontre des principes fondamentaux de la démocratie. Nous demandons sa libération immédiate. »

La police avait arrêté le mois dernier Tundu Lissu, leader du CHADEMA et principal opposant du pays.

Lissu, qui avait survécu à une attaque par balles en 2017 et était arrivé deuxième lors de la dernière présidentielle, a ensuite été inculpé de trahison pour un discours dans lequel, selon les procureurs, il appelait la population à se rebeller et à perturber les élections.

Il avait organisé plusieurs rassemblements début avril sous le slogan « Pas de réformes, pas d'élection », au cours desquels le CHADEMA réclamait d'importants changements d'un processus électoral jugé favorable au parti au pouvoir.

Quelques jours après l'arrestation de Lissu, la commission électorale a disqualifié le CHADEMA de la course électorale en raison de son refus de signer un code de conduite.