Le président américain Donald Trump se rend au Moyen-Orient, les devises asiatiques sont en hausse et le nouveau dirigeant allemand vient de prendre un départ chancelant.
Voici un aperçu de la semaine à venir sur les marchés financiers, présenté par Amanda Cooper, Karin Strohecker et Dhara Ranasinghe à Londres, Rae Wee à Singapour et Lewis Krauskopf à New York.
1/ L'ARGUMENT SAOUDIEN
Le premier grand voyage diplomatique de Trump débute la semaine prochaine avec une tournée dans trois pays du Moyen-Orient, à commencer par l'Arabie saoudite.
Cette visite sera accompagnée de conférences sur l'investissement, avec à l'ordre du jour une série de questions commerciales et sécuritaires. Trump a annoncé qu'il ferait bientôt une annonce sur l'assouplissement des restrictions à l'exportation de micropuces vers certains pays du Golfe.
L'Arabie saoudite a déclaré que des accords sur l'exploitation minière et les minerais seraient discutés.
L'énergie devrait également occuper une place importante. Selon certaines sources, Washington ne demandera plus à l'Arabie saoudite de normaliser ses relations avec Israël comme condition préalable à la poursuite des négociations sur la coopération nucléaire civile.
Il s'agirait là d'une concession majeure de la part des États-Unis. Il est à noter que le voyage de M. Trump ne devrait pas inclure une étape en Israël, pourtant allié des États-Unis.
2/ L'EFFET DES DROITS DE DOUANE
Un nouvel examen de l'inflation et des dépenses de consommation sont les points forts d'une semaine chargée en données américaines, alors que les investisseurs et les décideurs politiques évaluent l'impact des droits de douane de Trump sur la croissance et les prix.
L'indice des prix à la consommation (IPC) d'avril, publié mardi, donnera une nouvelle indication sur les tendances inflationnistes, tandis que les chiffres des ventes au détail d'avril, publiés jeudi, proposeront un aperçu des dépenses de consommation. Les ventes au détail ont enregistré leur plus forte hausse en plus de deux ans en mars, les ménages ayant accéléré leurs achats d'automobiles et d'autres biens afin d'éviter la hausse des prix liée aux droits de douane.
Les investisseurs attendent de voir si la faiblesse des enquêtes de confiance et d'autres « données molles » se traduira par un ralentissement. Mercredi, la Réserve fédérale a maintenu ses taux inchangés et déclaré que les risques d'une hausse de l'inflation et du chômage avaient augmenté.
La saison des résultats trimestriels se poursuit également aux États-Unis, les résultats de Walmart étant parmi les plus attendus de la semaine.
3/ UNE SEULE VOIE À PARTIR DE LÀ ?
Les devises asiatiques sont de retour, après avoir été mises à l'écart pendant des années par le dollar américain.
Une hausse sans précédent du dollar taïwanais, qui a augmenté de 8 % en deux jours de cotation, suggère que les capitaux affluent vers l'Asie à grande échelle, attirant l'attention des banques centrales.
L'Autorité monétaire de Hong Kong est intervenue pour maintenir le taux de change de sa monnaie par rapport au dollar. Les investisseurs spéculent également sur le fait que la hausse fulgurante de la monnaie taïwanaise pourrait être le signe d'un « accord de Mar-a-Lago » avec les États-Unis, malgré les réticences du président de l'île.
L'idée que les pays laisseront leur monnaie s'apprécier dans le cadre des négociations commerciales avec les États-Unis restera dans l'esprit des investisseurs alors que les pourparlers tant attendus entre les États-Unis et la Chine sont en cours.
Il convient de noter que la délégation sud-coréenne à Washington a déclaré que le ministère des Finances de son pays et le Trésor américain tiendraient des discussions séparées sur la politique monétaire à la demande du secrétaire au Trésor Scott Bessent.
4/ UN ACCORD EST UN ACCORD
Le Royaume-Uni a conclu le premier accord commercial avec Washington.
Le président Trump et le Premier ministre Keir Starmer ont salué le 8 mai cet accord « historique » qui prévoit notamment la réduction ou la suppression des droits de douane sur les exportations britanniques de voitures, de moteurs et de pièces d'avion, ainsi que sur l'aluminium et l'acier, en échange d'un meilleur accès au marché britannique pour le bœuf et les machines américaines, entre autres.
Le hic, c'est que les droits de douane de 10 % imposés par Trump sur tous les autres produits restent en vigueur, et ce pour un allié fidèle des États-Unis qui affiche un excédent commercial, ce qui signifie que cet accord ne servira peut-être pas de modèle pour d'autres pays.
L'impact des droits de douane sur l'économie a créé une telle incertitude que les responsables de la Banque d'Angleterre sont divisés sur la politique monétaire. Les données de la semaine prochaine sur l'emploi et la croissance au Royaume-Uni auraient normalement dû fournir des indications utiles, mais elles pourraient désormais être reléguées au second plan pour les investisseurs.
5/ DÉBUT CHOPPÉ
Le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz a connu des débuts difficiles après avoir échoué à obtenir le soutien du Parlement lors d'un premier vote, un camouflet sans précédent dans l'Allemagne d'après-guerre.
Cela a attiré l'attention sur les défis auxquels Merz doit faire face pour mener à bien son projet de sortir la première économie européenne de la crise. L'économie allemande est en récession depuis trois années consécutives.
M. Merz a ravivé les marchés européens après les élections de février, en préconisant une augmentation des dépenses dans les domaines de la défense et des infrastructures afin de stimuler la croissance à long terme. L'euro et les actions allemandes ont rebondi.
Le revers temporaire essuyé mardi au Parlement rappelle la fragilité de la coalition au pouvoir et rend encore plus improbable, selon certains, que Merz soutienne un financement permanent des dépenses européennes par le biais d'obligations communes, très impopulaires au sein de son parti de centre-droit.