Le Maroc accélère ses investissements dans les usines de dessalement, les projets de transfert d'eau et la construction de nouveaux barrages afin d'atténuer les effets d'une sécheresse prolongée et de répondre à la demande croissante de l'agriculture et des villes, a déclaré le ministre de l'Eau, Nizar Baraka.
Des années de sécheresse ont mis à rude épreuve les ressources en eau, réduit le cheptel national et contribué à l'inflation des prix alimentaires ainsi qu'à la hausse du chômage.
Le Maroc exploite actuellement 17 usines de dessalement. Quatre autres sont en construction et neuf supplémentaires sont prévues, avec pour objectif une capacité totale de 1,7 milliard de m3 par an d'ici 2030, a indiqué M. Baraka lors d'une conférence sur les défis hydriques du pays organisée par Medias24 à Casablanca jeudi.
L'eau dessalée ne sera pas utilisée pour la culture du blé, en raison des coûts et de l'ampleur des surfaces agricoles concernées, mais elle permettra de libérer davantage d'eau des barrages pour les exploitations agricoles de l'intérieur, a-t-il précisé.
Une amélioration des précipitations cette année - bien qu'elles restent inférieures à la moyenne - a permis de faire passer le taux de remplissage des barrages à 39,2 % au 11 juin, contre 31 % un an plus tôt, selon M. Baraka.
Malgré un stress hydrique persistant depuis plusieurs années, l'agriculture utilisant les eaux souterraines s'est développée, tout comme les exportations de produits frais vers l'Europe.
« Il y a eu un décalage entre le rythme de la politique agricole et celle de l'eau... aggravé par le changement climatique », a souligné M. Baraka.
Les cultures gourmandes en eau, telles que les melons, ont été interdites à Tata et réduites de 75 % à Zagora, deux régions désertiques majeures de production, a-t-il ajouté.
Face à une pluviométrie inégale à travers le pays, une grande voie d'eau - qui relie déjà le nord-ouest riche en eau à Rabat et Casablanca - sera prolongée d'ici 2030 afin d'alimenter les barrages soutenant les agriculteurs des régions de Doukala et Tadla, durement touchées par la sécheresse.
Ce projet de voie d'eau bénéficie d'un financement émirati, dans le cadre d'un accord prévoyant également la construction d'une ligne électrique de 1 400 km (870 miles) d'ici 2030 pour acheminer l'énergie renouvelable produite dans le sud vers les usines de dessalement à travers le pays.
« L'utilisation des énergies renouvelables contribuera à réduire significativement le coût de l'eau », a conclu M. Baraka.