Tokyo (awp/afp) - Les marchés asiatiques ont encore été pénalisés mercredi par l'incertitude économique persistante face aux mesures douanières de Donald Trump, qui ont fait nettement trébucher la Bourse de Sydney, et ce en dépit d'un prudent regain d'optimisme sur l'Ukraine.

Trump met la Bourse de Sydney sous pression, au plus bas depuis 7 mois

A la Bourse de Sydney, l'indice S&P/ASX 200 a terminé en repli de 1,32%, après avoir abandonné presque 2% en cours d'échanges, à son plus bas niveau depuis début août 2024.

Selon l'agence Bloomberg, l'indice australien approche désormais d'une "correction" significative, après avoir déjà rapidement effacé depuis mi-février ses gains du début de l'année.

Le pays dont l'économie dépend en partie des exportations de minerais et matériaux, s'alarme de l'impact des droits de douane américains de 25% sur l'acier et l'aluminium, qui sont devenus effectifs ce mercredi à 04H01 GMT, sans exemption, après un décret du président Donald Trump.

Ces barrières douanières sont "totalement injustifiées", a réagi le Premier ministre Anthony Albanese, tout en assurant que Canberra ne prendrait pas de mesure de rétorsion.

L'Australie représente 1% des importations d'acier des Etats-Unis et 2% de leurs importations d'aluminium.

Le sidérurgiste australien Bluescope a vu son titre plonger de 5% en l'espace d'une semaine.

Tokyo tiraillée entre droits de douane et optimisme sur l'Ukraine

A la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a clôturé presque à l'équilibre (+0,07% à 36.819,09 points) et l'indice élargi Topix a grimpé de 0,91% à 2.694,91 points.

La Bourse de Séoul a grimpé pour sa part de 1,47% et Taipei de 0,94%.

Donald Trump a proféré mardi de nouvelles menaces commerciales contre le Canada, promettant un doublement des droits proposés avant d'y renoncer, tout en semblant tempérer les risques d'une récession aux Etats-Unis.

L'application, sans exemption, des droits de douane sur l'acier et l'aluminium à partir de mercredi déstabilise encore davantage le marché.

"Les tergiversations et revirements perpétuels sur les taxes douanières perturbent consommateurs et entreprises: l'incertitude politique atteint un record, la confiance des consommateurs a plongé, l'optimisme des petites entreprises s'est érodé", insiste Nicole Inui, de HSBC, dans une note.

"Les prévisions de PIB américain ont été revues à la baisse pour la première fois en huit mois et les rumeurs de récession sur les marchés se multiplient", note-t-elle.

Pour autant, "l'économie américaine est en difficulté mais un effondrement total est peu probable", tempère Stephen Innes, de SPI Asset Management.

Dans ce contexte, les investisseurs digéraient l'annonce que l'Ukraine avait accepté mardi une proposition des Etats-Unis pour un cessez-le-feu de 30 jours avec la Russie, appelant Moscou à se prononcer.

C'est "une bouffée d'air bien méritée" pour les marchés, même si ce répit pourrait s'avérer "temporaire", souligne M. Innes.

Les Bourses chinoises, elles, restaient sous forte pression, la Chine étant déjà engagée dans une intensification de sa guerre commerciale avec les Etats-Unis, et alors que la fièvre des deux derniers mois sur les valeurs tech chinoises tend à s'essouffler.

A Hong Kong vers 07H00 GMT, l'indice Hang Seng perdait 1,10% à 23.520 points. L'indice composite de Shanghai cédait 0,06% mais celui de Shenzhen progressait de 0,41%.

Recul du yen face à un dollar pourtant fragile

La monnaie japonaise avait profité ces derniers jours de son statut de valeur-refuge face aux incertitudes économiques, mais "la diminution des risques géopolitiques" semblait signer une accalmie mercredi, notait le courtier Tokai Tokyo Intelligence.

Vers 07H00 GMT, il cédait 0,37% à 148,35 yens pour un dollar.

"Historiquement, le dollar est recherché en cas de forte volatilité des marchés, mais lorsque l'économie américaine et Wall Street sont eux-même au coeur des préoccupations, cela limite l'attrait du billet vert", observait Chris Weston, du cabinet Pepperstone.

Le pétrole poursuit un prudent rebond

Le marché du pétrole, lui, grimpait, poussé à la fois par la perspective d'une offre mondiale moins surabondante que redouté précédemment, après de nouvelles estimations du ministère américain de l'Energie.

Les opérateurs soupèsent aussi les risques d'un resserrement de l'offre pétrolière aux Etats-Unis en cas de taxes prohibitives sur les exportations de brut canadien (le Canada représente 60% des importations américaines d'or noir).

Vers 07H00 GMT, le baril de WTI américain gagnait 0,17% à 66,37 dollars et celui de Brent de la mer du Nord 0,16% à 69,67 dollars.

afp/ib