La flambée des prix du pétrole, les tensions au Moyen-Orient, un sommet décisif de l'OTAN et une audition du patron de la Réserve fédérale américaine vont se disputer l'attention des marchés dans les prochains jours.
Voici l'essentiel de la semaine sur les marchés mondiaux, par Alden Bentley à New York, Kevin Buckland à Tokyo, Amanda Cooper et Lucy Raitano à Londres, et Andrew Gray à Bruxelles.
1/ INQUIÉTUDES SUR LE DÉTROIT
La guerre entre Israël et l'Iran a fait planer le risque d'un choc sur l'approvisionnement en pétrole pour les investisseurs. Ce week-end, les États-Unis ont frappé des sites nucléaires clés en Iran, accentuant l'inquiétude.
Le Brent a franchi la barre des 75 $ pour la première fois depuis janvier et progressait encore lundi.
Pour l'instant, aucun signe de perturbation de la production n'est à signaler. L'Iran produit environ 3,3 millions de barils par jour et en exporte près de la moitié, selon les estimations de Reuters et LSEG, soit une fraction des quelque 100 millions de barils consommés quotidiennement dans le monde.
Un déficit de barils iraniens, bien que déstabilisant pour les marchés, pourrait être compensé par d'autres pays de l'OPEP disposant de capacités de réserve. Ce qui inquiète davantage les marchés, c'est la possibilité que l'Iran bloque le détroit d'Ormuz, par lequel transite environ 20 % de l'approvisionnement mondial quotidien en brut. Les analystes estiment ce scénario peu probable.
Cependant, de nombreux événements jugés improbables il y a six mois sont aujourd'hui réalité. La volatilité des marchés pourrait encore s'accentuer.
2/ VOIR PLUS GRAND
L'OTAN vise à rassurer Donald Trump, maintenir la cohésion de l'Alliance et adopter un nouvel objectif ambitieux de dépenses lors de son sommet à La Haye.
L'organisation espère également que le conflit israélo-iranien ne viendra pas éclipser le sommet de mercredi.
Lors de son premier mandat, Trump avait vivement critiqué les membres de l'OTAN et menacé de quitter l'Alliance si les dépenses de défense n'étaient pas relevées.
Aujourd'hui, le secrétaire général Mark Rutte souhaite que tous les alliés s'engagent sur l'objectif proposé par Trump de 5 % du PIB.
Pour y parvenir, l'OTAN entend définir la défense de manière plus large.
L'objectif actuel de 2 % du PIB consacré aux dépenses traditionnelles (armement, troupes, etc.) serait porté à 3,5 %.
Les membres consacreraient en outre au moins 1,5 % du PIB à des mesures plus larges, telles que l'adaptation des routes, des ponts et des ports pour les véhicules militaires, ou la protection contre les cyberattaques.
Seule l'Espagne s'oppose publiquement à ce nouvel objectif.
En raison de la volonté de satisfaire Trump, le président ukrainien Volodymyr Zelensky pourrait devoir se contenter d'une place au dîner présommet plutôt que à la réunion elle-même.
3/ QUESTION SUIVANTE
Les marchés attendent de Jerome Powell, président de la Fed, qu'il précise ce qu'il entend par une inflation "significative" lors de son audition devant les commissions du Sénat et de la Chambre mardi et mercredi.
Powell a indiqué à la presse, après la réunion de juin, que l'inflation sur les biens devrait s'accentuer à mesure que les droits de douane se répercutent sur les consommateurs.
Après avoir souligné la solidité de l'expansion économique, Powell pourrait aussi être interrogé sur l'impact d'une nouvelle escalade au Moyen-Orient sur l'inflation.
Jeudi, la publication définitive du PIB du premier trimestre devrait confirmer la contraction de l'économie. L'indicateur préféré de la Fed pour l'inflation, l'indice des dépenses de consommation personnelle (PCE) de mai, attendu vendredi, sera analysé à la lumière de la décision de la Fed de maintenir les taux, tout en prévoyant deux baisses cette année.
4/ OBLIGATIONS SOLIDES ?
Il y a un mois, les rendements des obligations d'État japonaises atteignaient des sommets historiques, les investisseurs boudant les adjudications et le Premier ministre comparant imprudemment la situation budgétaire du Japon à celle de la Grèce.
La donne a radicalement changé grâce à une gestion coordonnée entre la Banque du Japon et le ministère des Finances.
Quelques jours après que la BoJ a ajusté son programme de rachat d'obligations pour continuer à acheter de la dette très long terme, au cœur de la flambée des taux, le ministère des Finances a annoncé un projet de réduction des émissions de titres à plus longue échéance.
Le ton accommodant de la BoJ sur de futures hausses de taux a également contribué à calmer les rendements cette semaine, même si le gouverneur Kazuo Ueda a laissé la porte ouverte à un resserrement cette année, soulignant les risques liés à la généralisation des tensions sur les prix.
L'indice des prix à la consommation de Tokyo pour ce mois, publié le 27 juin, donnera de nouveaux indices sur le calendrier d'une intervention de la banque centrale.
5/ TIENT-IL ENCORE ?
Les droits de douane réciproques imposés par Donald Trump ont d'abord entraîné une anticipation des commandes, soutenant l'activité économique mondiale, mais cet effet s'estompe alors que le spectre de la récession mondiale refait surface.
Avec un manque de perspectives claires de la part des entreprises, les indicateurs économiques deviennent plus cruciaux que jamais pour les marchés, et une série de publications est attendue dans les prochains jours.
Lundi, les premières estimations de l'activité économique de juin seront publiées pour de nombreuses économies, dont la zone euro, le Royaume-Uni et les États-Unis.
On espère de meilleures nouvelles pour la zone euro après un PMI tombé à 50,2 en mai contre 50,4 en avril, se rapprochant dangereusement du seuil de 50 qui sépare expansion et contraction.
Plus inquiétant encore, le secteur des services, moteur du bloc, a enregistré sa première contraction depuis novembre. Au Royaume-Uni, le PMI de mai a toutefois montré un retour à une croissance modérée des services.