Pour la treizième séance consécutive, les contrats à terme sur le café arabica ont atteint un nouveau record. Un climat anormalement chaud et sec qui s’installe au-dessus des principales régions caféières du Brésil inquiète les investisseurs, d’autant que les producteurs brésiliens, premiers fournisseurs mondiaux, rechignent à vendre leurs stocks.

Un marché en panique

“La panique s’est enfin installée, et les prix vont continuer à grimper”, prévient Bob Fish, cofondateur de la franchise Biggby Coffee, qui exploite 350 magasins aux États-Unis. Selon lui, seuls deux facteurs pourraient freiner cette hausse. Soit une récolte exceptionnelle au Brésil et au Vietnam, qui ne serait pas attendue avant août 2026. Soit une chute massive de la demande, provoquée par la flambée des prix dans les pays consommateurs. Dans ce contexte, Fish recommande aux coffee shops d’augmenter leurs prix pour éviter de voir leurs marges s’effondrer.

 Les contrats à terme sur le café, référence mondiale pour la fixation des prix, ont atteint un pic de 4,2410 dollars la livre avant de clôturer en hausse de 6,2%, à 4,211 dollars. Le contrat au comptant, qui expire en mars, a brièvement touché 4,3195 dollars. Depuis le début de l’année, les prix ont bondi de 35%, après une envolée de 70% en 2023.

Une offre sous tension

Le marché reste préoccupé par la faiblesse des stocks au Brésil, qui fournit près de la moitié de l’arabica mondial. À ce jour, environ 85% de la récolte actuelle ont été vendus, et les producteurs ne semblent pas pressés de céder le reste.

“Le café encore disponible pourrait être entre les mains des producteurs brésiliens les plus puissants, bien financés et peu enclins à vendre”, explique un courtier en café. Certains acteurs du marché estiment toutefois que cette flambée des prix est désormais auto-entretenue et ne reflète plus totalement les fondamentaux du secteur.

D’après le négociant Icona Cafe, la prochaine récolte brésilienne pourrait être meilleure que prévu, sans pour autant dépasser celle de l’an dernier, mais suffisamment pour rassurer légèrement le marché. Le courtier Hedgepoint estime même que le Brésil pourrait produire 64,1 millions de sacs en 2025/26, contre 63,4 millions lors de la saison précédente.

Pendant ce temps, les spéculateurs sur l’arabica, moteurs de la hausse actuelle, ont réduit leur position longue nette de 3 130 contrats, la ramenant à 50 333 contrats au 4 février, selon les données du secteur.

Un impact sur l’ensemble des matières premières

La flambée des prix du café s’inscrit dans un contexte plus large de volatilité sur les matières premières agricoles. Le café robusta, souvent utilisé pour le café instantané et moins onéreux que l’arabica, a progressé de 2,4%, atteignant 5 697 dollars la tonne, après son record absolu de 5 840 dollars le 31 janvier.

À l’inverse, le cacao a connu un repli après une semaine mouvementée : les contrats à terme sur le cacao de New York ont chuté de 2,3%, à 9 878 dollars la tonne, tandis que ceux de Londres ont reculé de 1,7%, à 7 919 livres la tonne.

Du côté du sucre, les prix restent en légère hausse : le sucre brut a progressé de 0,7%, à 19,50 cents la livre, et le sucre blanc a gagné 0,3%, atteignant 519,40 dollars la tonne.