Les cours du cuivre ont chuté de plus de 2% mercredi, dans un contexte de données économiques moroses en provenance de Chine et d’incertitudes persistantes sur le front commercial. Le métal rouge s’apprête ainsi à enregistrer sa plus forte baisse mensuelle depuis mai 2023.

Sur le London Metal Exchange (LME), le cuivre de référence a cédé 2,5% pour atteindre 9 206 dollars la tonne métrique lors des échanges officiels. Sur l’ensemble du mois d’avril, la baisse cumulée dépasse les 5%. À New York, le contrat Comex sur le cuivre a reculé de 5,8% pour s'établir à 4,59 dollars la livre.

La Chine, un marché stratégique

Mercredi, des chiffres publiés en Chine ont révélé une contraction de l’activité manufacturière à son rythme le plus rapide depuis seize mois. Ce repli alimente les appels en faveur de nouvelles mesures de relance dans le pays.

“Le cuivre est actuellement freiné par les incertitudes macroéconomiques”, explique John Meyer, analyste chez SP Angel. “Si les tarifs douaniers de Trump risquent de provoquer une mini-récession en Occident, nous pensons que les mesures de relance en Chine et dans une grande partie de l’Asie continueront à soutenir les industriels et stimuler la croissance.”

Les marchés financiers restent également affectés par l'absence d'avancées concrètes dans le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine. Bien que des responsables américains assurent que les discussions se poursuivent, Pékin a nié l'existence de négociations actives. Mardi, le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a affirmé que la Chine finirait par reconnaître que les droits de douane imposés par Washington sont intenables pour la deuxième économie mondiale.

Une configuration délicate

Des données attendues mercredi laissent présager un net ralentissement, voire une contraction de l’économie américaine au premier trimestre. Parallèlement, le renforcement du dollar rend les métaux libellés en billet vert plus onéreux pour les acheteurs utilisant d'autres devises.

Un facteur de soutien pour les prix du cuivre réside néanmoins dans une nouvelle chute spectaculaire des stocks enregistrés dans les entrepôts surveillés par la Bourse de Shanghai (SHFE), en baisse de 23,5% depuis vendredi dernier, à leur plus bas niveau depuis le 17 janvier, avec seulement 89 307 tonnes. Les stocks avaient déjà fondu d’un tiers la semaine précédente.

Cette dégringolade est en partie due à des flux de cuivre redirigés vers les États-Unis, confrontés à une pénurie de déchets recyclés et à la perspective de nouvelles taxes à l’importation. “La pénurie de déchets de cuivre à destination de la Chine est un problème majeur, amplifié par un déficit massif de concentré qui pousse les fonderies chinoises à réduire leurs capacités”, souligne Meyer.

Les autres métaux industriels ne sont pas épargnés : l’aluminium a reculé de 1,4% à 2 430 dollars la tonne, le zinc a perdu 0,6% à 2 634,50 dollars, le plomb s’est replié de 0,6% à 1 965 dollars, l’étain a cédé 0,5% à 31 775 dollars et le nickel est resté stable autour de 15 550 dollars. Tous s’acheminent vers des pertes mensuelles.