déréglementation bancaire

LYON (awp/afp) - L'éditeur de logiciels de gestion Cegid s'engouffre sur le terrain des "fintechs" en se lançant dans les services financiers, à la croisée de la banque et de la technologie, pour élargir sa clientèle aux petites entreprises.

"Avec la déréglementation qui vient, une bonne partie des chasses gardées des banques va disparaître", souligne son président Pascal Houillon, dans un entretien accordé à l'AFP au siège lyonnais de l'entreprise.

Cegid va ainsi proposer en avril un service d'affacturage qui, d'un simple clic, permet à une entreprise d'obtenir le règlement d'une facture en 24 heures... moyennant une commission de 3%, mais sans aucune autre dépense.

C'est l'illustration de ces nouveaux services que Cegid veut proposer: simples d'utilisation, mais faisant appel, derrière, à des technologies avancées.

"Le vrai problème des petites entreprises en France", constate M. Houillon, c'est que leurs dirigeants n'ont guère de temps pour gérer leur trésorerie. Cegid leur propose des solutions pour numériser toute cette chaîne, de l'établissement du devis à la facturation et au paiement.

La stratégie du groupe est permise par la directive bruxelloise sur les services de paiement (DSP2) qui oblige les banques à partager une partie des données de leurs clients avec les "fintechs", ces nouveaux acteurs numériques de la finance.

Un siège lyonnais

Elle a conduit Cegid à se lancer dans une politique soutenue de croissance externe, pour acquérir de nouvelles compétences technologiques.

En trois mois, le groupe a racheté Dhatim (automatisation d'écritures manuelles), Credicom (solutions sécurisées de gestion de flux bancaires) et Koalaboox (optimisation de la trésorerie).

Ces acquisitions sont en passe de faire basculer son centre de gravité: sur ses 3.000 salariés, seuls 800 officient désormais depuis la capitale des Gaules. Il y a en a 600 à Paris - "mais on sera plus de 1.000 dans les deux à trois mois". Et 500 à Madrid.

Mais pas question pour autant de déplacer le siège social comme la rumeur en avait couru après le désengagement des actionnaires historiques, Jean-Michel Aulas et l'assureur Groupama.

"Le siège va rester à Lyon. Il y a plein de métiers qu'il est préférable d'avoir ici", assure M. Houillon.

Une croissance qui s'accélère

Si Cegid est de loin leader sur le marché français, c'est un petit Poucet à l'international où il ne réalise que 20% de son activité. "Un chiffre qui ne reflète pas la réalité de nos investissements", note toutefois M. Houillon.

"Nous faisons des efforts très importants pour nous internationaliser", relève le dirigeant, mais seulement sur quelques métiers: la paie, les relations humaines et le commerce de détail.

"Nous avons refocalisé nos efforts sur un nombre limité de marchés et sommes très sélectifs. Si on ne peut pas être numéro 1 ou 2, on s'en va", dit-il.

Depuis son arrivée à la tête de l'entreprise, au printemps 2017, dans le sillage du changement d'actionnaires, M. Houillon a recentré l'entreprise sur le développement logiciel, en confiant à des partenaires des activités historiques comme la distribution de matériel ou l'intégration logicielle.

"Dans +l'ancienne+ Cegid, nous avons pris un joyau, la SaaS (la mise à disposition de logiciels en ligne) et nous avons focalisé toutes nos attentions dessus", quitte à arrêter certaines activités.

Avec pour résultat que, par rapport à il y a quatre ans, 80% du chiffre d'affaires est désormais récurrent, contre 40% à l'époque.

Dans le même intervalle, l'activité est passée de 307 millions d'euros en 2016 à 498 millions en 2020. En raison des acquisitions, certes, mais aussi du fait d'une croissance organique soutenue. "Nous prenons des parts de marché", se targue M. Houillon, en affirmant que la croissance du groupe allait encore s'accélérer.

"Nous avons monté une équipe de management, formée de cadres venus de grandes entreprises internationales, pour conduire une croissance rapide".

Alors que le fonds Silverlake, qui détient 80% du groupe, entre dans sa cinquième année de présence au capital, aucun bouleversement du capital n'est attendu à brève échéance.

Cet investisseur spécialiste de la "tech" "n'est pas gourmand en dividendes", mais "croit à la création de valeur via le développement de l'entreprise", explique M. Houillon.

"Il nous soutient dans notre stratégie et nous pousse même à investir plus fortement et surtout à faire beaucoup d'acquisitions".

fga/ag/LyS