NEW YORK (Reuters) - La direction de Goldman Sachs envisage de revoir à la baisse les objectifs financiers fixés en début d'année pour prendre en compte l'impact de la pandémie de coronavirus sur le processus de refonte du modèle économique de la banque, ont dit à Reuters plusieurs analystes et salariés du groupe.

Goldman Sachs a présenté en janvier un projet visant à améliorer la rentabilité de ses fonds propres et à réduire ses coûts. Pour parvenir à ses fins, la banque est censée générer davantage de revenus dans ses activités historiques, comme la gestion de patrimoine, ainsi que dans les activités plus récentes comme le crédit à la consommation, tout en lançant de nouveaux services, comme la gestion de trésorerie pour les entreprises.

Mais depuis ces annonces, la pandémie a réduit la demande de crédit et fait monter le chômage tout en freinant la croissance attendue des nouveaux clients.

Si les revenus tirés du courtage se sont envolés avec la poussée de volatilité des marchés, d'autres activités ont au contraire calé.

"En l'absence d'un vaccin miracle, il semble que Goldman n'atteindra pas ses objectifs", a dit David Hendler, analyste de Viola Risk Advisors. "Ils sont en retard dans la gestion de patrimoine et ils sont en retard sur le crédit conso."

Un porte-parole de Goldman Sachs a renvoyé aux déclarations passées des dirigeants mais s'est refusé à tout commentaire.

Les dirigeants ont de fait prévenu que la réalisation des objectifs au cours des années à venir ne serait pas "linéaire". Ils ne devraient pas remettre en cause les objectifs lors de la publication des résultats financiers du troisième trimestre, prévue mercredi, mais ils pourraient le faire en janvier, un an précisément après leur présentation, ont expliqué plusieurs sources qui ne sont pas autorisées à s'exprimer publiquement.

Pour l'instant, Goldman Sachs est censé atteindre un rendement des fonds propres tangibles (ROTE) de plus de 14% en 2023 contre 10,6% en 2019 et réduire ses charges de 1,3 milliard de dollars dans l'intervalle afin de ramener son ratio coûts/revenus ("efficiency ratio") à 60% contre 68,1% l'an dernier.

Mais les estimations des analystes n'excèdent pas 12% pour le ROTE et le consensus de coefficient d'exploitation pour 2024 est de 63,2%, ce qui traduit un manque de confiance dans la capacité de la banque à atteindre ses objectifs, estimait Brennan Hawken, analyste d'UBS, dans une note récente.

Pour autant, juge Dick Bove, d'Odeon Capital, le directeur général de Goldman Sachs, David Solomon, mène la bonne stratégie en cherchant à rapprocher le groupe du modèle des banques généralistes.

"Globalement, cette société avance dans la bonne direction au bon moment", a-t-il dit.

(Matt Scuffham, version française Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)