Les contrats à terme sur le maïs cotés au Chicago Board of Trade (CBOT) ont chuté de 8,6% sur la semaine du 4 mars, soit leur plus forte baisse hebdomadaire depuis mi-2023. Les fonds d’investissement ont drastiquement réduit leurs positions longues nettes sur le maïs, passant de 337 454 à 219 752 contrats en une semaine. Avec près de 118 000 contrats liquidés, il s’agit de la deuxième plus grande vague de ventes nettes jamais enregistrée, derrière celle de février 2023.

Toutefois, ce désengagement massif s’est traduit avant tout par des liquidations de positions longues plutôt que par une multiplication des positions vendeuses. Seuls 11% des sorties correspondaient à de nouvelles ventes à découvert, suggérant une prise de risque plus prudente qu’un véritable retournement baissier.

Des stocks serrés et une demande solide en toile de fond

Au-delà des turbulences liées aux tensions commerciales, le marché du maïs reste soutenu par des fondamentaux solides. Si le Département américain de l’Agriculture (USDA) a confirmé une prévision de plantations robustes pour 2025, les stocks mondiaux de maïs demeurent historiquement bas, en particulier au Brésil, où les réserves atteignent leur niveau le plus faible en plus de vingt ans.

Dans le même temps, la demande reste forte, ce qui avait encouragé les investisseurs à adopter une posture haussière après un positionnement massivement baissier l’an dernier. La correction brutale de la semaine dernière pourrait donc être perçue davantage comme un ajustement tactique qu’un véritable changement de tendance.

Blé et soja sous pression, mais avec une dynamique différente

Le maïs n’a pas été la seule victime des sorties de capitaux : les fonds ont également réduit leurs positions sur le blé et le soja au cours de la semaine du 4 mars.

Concernant le soja, les spéculateurs ont brusquement basculé en position vendeuse, avec une position nette de -35 487 contrats, contre un solde haussier de 8 209 la semaine précédente. Cette liquidation marque la fin d’une phase haussière qui n’aura duré que sept semaines.

Les prix du soja ont reculé de près de 5%, tandis que le tourteau de soja et l’huile de soja ont respectivement cédé 3% et 7%. Les positions longues sur l’huile de soja ont fondu, tombant à 9 669 contrats contre 43 052 la semaine précédente. De leur côté, les positions vendeuses sur le tourteau ont atteint un plus haut de dix semaines, avec 85 344 contrats.

Du côté du blé, la pression vendeuse a été accentuée par une forte augmentation des ventes à découvert, la plus importante depuis 2017. Malgré l’ajout de quelques positions acheteuses, la position nette des spéculateurs sur le blé s’est creusée à -82 399 contrats, contre -67 614 une semaine plus tôt.

Un rebond en fin de semaine, dans l’attente du rapport de l’USDA

Si le début de semaine a été marqué par une forte correction, les prix se sont légèrement redressés dans les dernières séances, aidés par le report des tarifs douaniers américains sur le Mexique et le Canada.

Ainsi, le maïs a regagné près de 4% sur les trois dernières séances, tandis que le soja a repris 2,6%, le blé 2,7%, le tourteau de soja 3,7% et l’huile de soja 1,4%.

Les regards se tournent désormais vers la publication du rapport mensuel de l’USDA sur l’offre et la demande, attendu mardi. Peu de changements majeurs sont anticipés, mais les investisseurs surveilleront de près la prise en compte d’éventuels impacts des tensions commerciales sur les prévisions du ministère.

Alors que la volatilité reste élevée, le marché des matières premières agricoles pourrait continuer d’évoluer au gré des décisions politiques et des incertitudes économiques dans les semaines à venir.