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par Michael Holden et Guy Faulconbridge

LONDRES, 8 mars (Reuters) - Meghan, l'épouse du prince Harry, a accusé la famille royale britannique de racisme, de mensonges et de l'avoir poussée au bord du suicide, dans un entretien explosif diffusé dimanche soir par la chaîne américaine CBS qui devrait provoquer des remous à Buckingham et exacerber les tensions entre le couple et le palais.

Elle a déclaré par ailleurs à l'animatrice Oprah Winfrey qu'elle était naïve au moment de rejoindre la famille royale en épousant Harry en 2018, qu'elle avait par la suite eu des pensées suicidaires et qu'elle avait envisagé de s'automutiler après avoir demandé de l'aide à Buckingham sans en recevoir.

Née d'une mère noire et d'un père blanc, Meghan a ajouté que son fils Archie, désormais âgé d'un an, s'était vu refuser le titre de prince parce qu'il y avait eu avant sa naissance des inquiétudes au sein de la famille royale sur sa couleur de peau.

"Ils ne voulaient pas qu'il soit un prince", a-t-elle dit, indiquant qu'il y avait eu des conversation sur "à quel point la couleur de sa peau serait foncée à sa naissance".

Meghan a refusé de préciser qui avait formulé ces inquiétudes, de même que Harry, lequel a déclaré que sa famille leur avait coupé les vivres et que son père, le prince Charles, l'avait déçu et avait à un moment donné refusé de prendre ses appels.

Aucun commentaire n'a été effectué pour le moment par le palais de Buckingham, alors que l'entretien a été diffusé aux premières heures de la journée de lundi en Grande-Bretagne.

Harry et Meghan ont annoncé en début d'année dernière qu'ils renonçaient à leurs titres royaux pour débuter une nouvelle vie aux Etats-Unis. Le palais de Buckingham a confirmé le mois dernier que la rupture serait définitive.

Si le couple Harry-Meghan a critiqué la famille royale, il n'a pas directement attaqué la reine Elizabeth.

Meghan a toutefois dit avoir été réduite au silence par "The Firm" (La Firme) - le surnom de la famille royale, qu'Elizabeth dirige - et que ses appels au secours face à la discrimination raciale et sa situation de détresse étaient restés lettre morte.

DÉCEPTION ET MENSONGES

"Je ne voulais plus être en vie. Et c'était une pensée constante, très claire, réelle et effrayante", a dit Meghan, âgée de 39 ans. "Et je me souviens à quel point (Harry) m'a soutenue", a-t-elle ajouté, essuyant ses larmes.

Harry, 36 ans, a dit être parti à cause d'un manque de compréhension et par crainte que l'histoire se répète - une référence au décès de sa mère Diana en 1997 -, ajoutant être "vraiment déçu" par l'attitude de sa famille.

"J'ai eu trois conversations avec ma grand-mère (la reine Elizabeth), et deux conversations avec mon père avant qu'il n'arrête de prendre mes appels. Et après il a dit, 'peux-tu mettre tout ça par écrit?'", a-t-il déclaré.

Pour ses détracteurs, le couple veut l'aspect glamour de la vie royale sans les obligations qu'elle implique et la surveillance qu'elle entraîne.

Pour les partisans du couple, le traitement que celui-ci a reçu illustre comment une institution britannique vieillotte s'en est pris à une femme moderne et métisse, avec une connotation raciste.

Meghan Markle a déclaré à Oprah Winfrey que des personnes au sein de l'institution royale avaient non seulement échoué à la protéger contre des accusations malveillantes mais avaient aussi menti pour protéger d'autres personnes.

"C'est seulement une fois mariée que tout a commencé à vraiment empirer, que j'ai compris que non seulement je n'étais pas protégée, mais qu'ils étaient disposés à mentir pour protéger d'autres membres de la famille", a-t-elle dit.

"Il y a la famille, et ensuite il y a les personnes qui dirigent l'institution, ce sont deux choses distinctes et il est important de pouvoir les compartimenter parce que la reine, par exemple, a toujours été extraordinaire avec moi", a-t-elle poursuivi. (version française Jean Terzian)