par David Morgan et Makini Brice

WASHINGTON, 13 février (Reuters) - Les sénateurs américains pourraient voter dès ce samedi sur la responsabilité de Donald Trump dans l'assaut du 6 janvier contre le Capitole, au lendemain des plaidoiries de ses avocats, qui ont sans surprise demandé son acquittement.

L'ex-président américain est accusé d'avoir incité ses partisans réunis à Washington le 6 janvier à s'en prendre aux parlementaires pour empêcher la certification par le Congrès de l'élection de Joe Biden.

Vendredi, ses défenseurs ont affirmé que le camp démocrate n'avait apporté aucune preuve de sa responsabilité dans les émeutes lors desquelles cinq personnes, dont un policier, sont décédées.

Selon eux, le discours prononcé par le milliardaire avant l'assaut qui appelait les manifestants à "combattre" pour interrompre le processus de certification, était protégé par le premier amendement de la constitution des Etats-Unis, qui garantit la liberté d'expression.

"Prétendre que le président, de quelque manière que ce soit, a souhaité, désiré ou encouragé des comportements illégaux ou violents est un mensonge grotesque et monstrueux", a déclaré Michael van der Veen, l'un des avocats de Donald Trump.

Lors des audiences précédentes, des membres démocrates de la Chambre des représentants ont diffusé des enregistrements vidéo et des tweets qui, selon eux, prouvaient que Donald Trump avait ouvert la voie aux violences du 6 janvier en affirmant à de multiples reprises au cours des semaines précédentes que les résultats de l'élection présidentielle du 3 novembre étaient entachés de fraudes.

Pour les démocrates, l'ex-président a appelé au rassemblement à Washington, il a donné des instructions aux manifestants et il n'a rien fait pour arrêter les violences. Son unique appel à agir pacifiquement ne l'absout pas, ont-ils ajouté.

UNE CONDAMNATION TRÈS PEU PROBABLE

"Vous cambriolez la banque et en sortant, vous hurlez 'Respectez la propriété privée !' Ce n'est pas une excuse pour avoir cambriolé la banque", a dit le représentant démocrate Jamie Raskin.

La défense de Donald Trump a diffusé une vidéo d'une dizaine de minutes dans laquelle des responsables démocrates utilisent le mot "combattre" dans des discours politiques.

"Vous n'avez rien fait de mal", a ensuite déclaré David Schoen, l'un des avocats de l'homme d'affaires, en s'adressant aux démocrates. "C'est un mot que les gens utilisent, mais s'il vous plaît, arrêtez avec l'hypocrisie."

Il est très peu probable que le vote du Sénat aboutisse à une condamnation puisque celle-ci nécessite une majorité des deux tiers, donc la défection de 17 sénateurs républicains.

"Je suis préoccupé par ce que feront mes amis républicains", a déclaré Joe Biden à des journalistes à la Maison blanche vendredi.

Mardi, seuls six sénateurs du "Grand Old Party" avaient joint leurs voix à celles des démocrates pour déclarer le procès constitutionnel en dépit du fait que le mandat de Donald Trump soit terminé depuis le 20 janvier.

Si l'ex-président est acquitté, le Sénat peut décider de le "censurer", voire de l'empêcher d'occuper de nouveaux des fonctions officielles.

Interrogé jeudi sur cette dernière possibilité, Chuck Schumer, le chef de file de la majorité démocrate du Sénat, a déclaré que la décision ne serait prise qu'à l'issue du procès.

Donald Trump est le premier président à être visé par deux procédures en destitution et le premier à être jugé par le Congrès après avoir quitté ses fonctions.

La première procédure d'"impeachment", qui visait les pressions présumées exercées sur l'Ukraine afin que Kiev ouvre une enquête sur Joe Biden et son fils, avait abouti l'an dernier à un acquittement par un Sénat alors contrôlé par les républicains.

(Version française Marc Angrand)