Les indices de Wall Street ont terminé en baisse mardi, tandis que le pétrole poursuivait sa hausse et que les coûts d'emprunt américains reculaient, sur fond de tensions croissantes au Moyen-Orient et à la veille de décisions majeures sur les taux d'intérêt des grandes banques centrales.
Le président américain Donald Trump a quitté prématurément le sommet du G7, alors que le conflit entre Israël et l'Iran s'intensifiait. De retour à Washington un jour avant la fin officielle de la réunion, Trump a déclaré que la patience américaine atteignait ses limites, tout en précisant qu'il ne comptait pas, « pour l'instant », éliminer le dirigeant iranien.
Le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans a chuté, signe d'une demande accrue pour les valeurs refuges, les investisseurs évaluant les risques liés au conflit et se préparant à décrypter le ton du président de la Fed, Jerome Powell, lors de son intervention prévue mercredi.
Le départ anticipé de Trump du Canada a douché les espoirs de progrès sur des dossiers tels que les tarifs douaniers qu'il menace d'imposer.
« Le marché espérait des avancées sur les accords commerciaux à l'issue du G7 et la nouvelle du départ anticipé de Trump a été décevante, même si nous en comprenons tous la raison », estime Eric Sterner, directeur des investissements chez Apollon Wealth Management.
« Le marché surveille le conflit au Moyen-Orient, mais il estime que cela reste contenu à ces deux pays », poursuit Sterner. « Cela suscite tout de même des inquiétudes, surtout si l'Iran agit sur le détroit d'Hormuz », a-t-il ajouté, soulignant qu'environ 20% de l'approvisionnement mondial en pétrole transite par ce passage stratégique.
Le pétrole brut américain a continué de grimper, clôturant en hausse de 4,46% à 74,97 $ le baril. Le Brent s'est établi à 76,54 $, en progression de 4,52% sur la journée.
Les actions sont restées sous pression : le Dow Jones a accentué ses pertes, terminant en baisse de 0,70% sur la séance. Le S&P 500 a reculé de 0,84% et le Nasdaq Composite a lâché 0,91%.
Aucune interruption notable des flux pétroliers n'a été constatée, et le Qatar a assuré que la production du plus grand champ gazier au monde restait stable, malgré la suspension partielle des activités iraniennes à la suite d'une frappe aérienne israélienne.
Les gestionnaires d'actifs ont noté que l'indice de volatilité VIX, souvent surnommé le « baromètre de la peur » de Wall Street, a progressé la semaine dernière, atteignant mardi un sommet de plus de quatre semaines à 21,6 -- un niveau toutefois bien inférieur à ses pics historiques. En avril, une tempête liée aux tarifs douaniers l'avait propulsé au-dessus de 60, loin du record de plus de 80 atteint lors de la crise financière de 2008.
« Nous assistons à la première étape d'un retour de la volatilité », analyse Matt Thompson, co-gérant de portefeuille chez Little Harbor Advisors. « À ce stade, le marché du VIX estime que le conflit restera contenu. »
La courbe des contrats à terme sur le VIX, qui reflète les anticipations de volatilité à plus long terme, s'est redressée, poursuit Thompson, « ce qui indique une demande croissante de protection, sans pour autant que le marché s'affole ».
En Europe, plus tôt dans la journée, le STOXX 600 a clôturé à son plus bas niveau en trois semaines.
LES BANQUES CENTRALES EN LIGNE DE MIRE
Les investisseurs attendent cette semaine les réunions des gouverneurs de la Réserve fédérale, de la Banque d'Angleterre et de la Banque nationale suisse. La Banque du Japon, de son côté, a maintenu mardi ses taux d'intérêt à court terme inchangés, à 0,5%, comme prévu.
La Fed devrait largement laisser ses taux inchangés lors de sa réunion de mercredi, mais les acteurs du marché surveilleront de près les nouvelles projections concernant l'impact potentiel des tarifs de Trump sur la croissance et l'inflation.
Les marchés anticipent deux baisses de taux d'ici la fin de l'année.
« Ce qui a rassuré les marchés plus tôt cette année, c'est l'indépendance de la Fed et le fait qu'elle resterait guidée par les données, sans se laisser influencer », rappelle Matt Rubin, directeur des investissements chez Cary Street Partners à Richmond, en Virginie.
« Jerome Powell va continuer à affirmer que la Fed reste focalisée sur les données économiques, et que ces dernières ne justifient pas une baisse de taux pour le moment. »
Le rendement du bon du Trésor américain à 10 ans s'établissait en fin de séance à 4,389%, soit 6,5 points de base de moins que les 4,454% enregistrés lundi soir.