Les prix du pétrole ont bondi de plus de 4 % mardi, sur fond d’escalade du conflit entre l’Iran et Israël, qui ne montre aucun signe d’apaisement. Pour l’heure, les principales infrastructures et flux de pétrole et de gaz n’ont toutefois pas été significativement affectés.

Le baril de Brent a terminé la séance à 76,45 $, en hausse de 3,22 $, soit 4,4 %. Le brut léger américain West Texas Intermediate a clôturé à 74,84 $, en progression de 3,07 $ ou 4,28 %.

Malgré l’absence d’interruption notable des flux de pétrole, l’Iran a partiellement suspendu la production de gaz sur le champ gazier de South Pars, qu’il partage avec le Qatar, après qu’une frappe israélienne a provoqué un incendie samedi. Israël a également frappé le dépôt pétrolier de Shahran en Iran.

L’échange continu de frappes aériennes entre Israël et l’Iran a ravivé le risque géopolitique sur des marchés du pétrole déjà conscients de l’équilibre tendu entre l’offre et la demande, explique Phil Flynn, analyste principal chez Price Futures Group.

« Ce n’est pas un événement isolé ; c’est probablement bien plus comparable à la situation entre la Russie et l’Ukraine », estime Flynn.

Une collision entre deux pétroliers près du détroit d’Hormuz, où les interferences électroniques se sont accrues depuis le début du conflit, a mis en lumière le risque que cette voie maritime essentielle pour les expéditions de pétrole soit un jour coupée.

« Le marché s’inquiète surtout d’une perturbation au niveau du détroit d’Hormuz, mais ce risque reste très faible », tempère Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

Personne n’a intérêt à fermer cette voie maritime, dans la mesure où l’Iran perdrait des revenus et les États-Unis souhaitent des prix du pétrole plus bas pour contenir l’inflation, ajoute Hansen.

L’incertitude a amené les acteurs du marché à s’interroger mardi sur la réaction des dirigeants iraniens s’ils venaient à perdre le contrôle du pouvoir, selon John Kilduff, partenaire chez Again Capital.

« On parle d’une prime de risque de sécurité de plus de 10 $ par baril, qui est désormais intégrée dans les prix », souligne Kilduff.

Malgré le risque de perturbation, certains signaux indiquent que l’offre de pétrole reste abondante, dans un contexte d’anticipation d’une baisse de la demande.

Dans son rapport mensuel publié mardi, l’Agence internationale de l’énergie a révisé à la baisse son estimation de la demande mondiale de pétrole de 20 000 barils par jour par rapport à la prévision du mois précédent, tout en augmentant l’estimation de l’offre de 200 000 barils/jour, à 1,8 million de barils/jour.

Les investisseurs surveillaient aussi de près les décisions de politique monétaire des banques centrales, souligne Tamas Varga, analyste chez PVM Associates, la Réserve fédérale américaine devant discuter des taux d’intérêt plus tard dans la journée de mardi.