Nouméa (awp/afp) - L'État va accorder un prêt de 140 millions d'euros à l'usine de nickel Prony Resources, l'un des trois métallurgistes de Nouvelle-Calédonie, afin de lui éviter la cessation de paiement, a annoncé jeudi Sonia Backès, présidente de la province Sud où le site est implanté.

"Ce prêt doit permettre à l'entreprise d'éviter la cessation de paiement à la fin du mois et de tenir jusqu'en 2026. Mais l'échéance que nous nous sommes fixée est mars 2025 pour trouver un repreneur", a précisé Sonia Backès, qui a fait cette annonce lors de l'assemblée de la collectivité territoriale.

Une fiduciaire regroupant les parts du négociant en matières premières Trafigura (19% des parts de Prony Resources), de la Compagnie financière de Prony (30%) et de 25% des 30% détenus par la Société de participation minière du Sud calédonien (SPMSC, qui regroupe des intérêts publics dont la province Sud) va être constituée, permettant à un éventuel repreneur d'acquérir jusqu'à 74% de Prony Resources.

Une subvention annuelle de 40 millions d'euros, destinée à compenser la hausse des coûts de l'énergie sera également accordée à Prony Resources, sous réserve de la signature du "pacte nickel", un accord politique souhaité par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire pour relancer cette filière en grande difficulté.

La présidente de la province Sud a aussi annoncé que des efforts de réduction des coûts, portant notamment sur les quelque 2000 sous-traitants, allaient être engagés, menaçant plusieurs centaines d'emploi. "Un accompagnement de la province est d'ores et déjà prévu", a assuré Sonia Backès.

Depuis son rachat au groupe minier brésilien Vale en 2021, le site métallurgique Prony Resources a accumulé les pertes, qui ont atteint 108 millions d'euros pour la seule année 2023.

Ces piètres résultats s'expliquent par une production insuffisante, la chute des cours du nickel mais aussi, a reconnu la présidente de la province Sud, "des contrats prétarifés avec Vale et Trafigura au détriment de Prony Resources".

Ces contrats ont été dénoncés ces dernières semaines par le syndicat SGTI-NC, pour qui le négociant aurait tiré en 2022 126 millions d'euros du nickel produit par Prony Resouces tandis que l'usine affichait pour cette même année 120 millions d'euros de déficit.

"Ce prêt de l'État est une très bonne nouvelle", s'est réjoui le conseiller provincial d'opposition Philippe Michel (Calédonie ensemble), "mais on est très loin des ambitions portées par Emmanuel Macron" pour le nickel calédonien.

Lundi dernier, l'usine du Nord, Koniambo Nickel SAS (KNS), a été mise en sommeil pour au moins six mois par son actionnaire de référence, le zougois Glencore, dans l'attente d'un éventuel repreneur.

afp/jh