Comprendre les forces qui animent les marchés mondiaux

Une semaine qui avait débuté dans un climat d’optimisme raisonnable, portée par l’espoir d’un accord commercial entre les États-Unis et la Chine lors de discussions à Londres, s’est terminée sur une note amère. En cause : la frappe israélienne contre l’Iran, qui a entraîné une flambée des prix du pétrole et une vague de ventes sur les marchés d’actions mondiaux.

Washington et Pékin ont bien conclu un accord-cadre, dont les contours restent flous et qui n’a pas encore été ratifié. Néanmoins, cette avancée a permis d’apaiser les tensions liées aux droits de douane à l’échelle mondiale.

Le moral des investisseurs a également été soutenu par des signes de ralentissement des pressions inflationnistes mondiales. Les chiffres de l’inflation à la consommation et à la production aux États-Unis, au Japon, en Inde et en Chine se sont tous révélés inférieurs aux attentes. Toutefois, une grande inconnue demeure : l’impact réel des droits de douane n’a pas encore été pleinement ressenti.

La forte demande pour les bons du Trésor américain à long terme lors d’une adjudication cette semaine a également rassuré quant à la soutenabilité de la dette américaine. Le déficit budgétaire et la dette fédérale, « la grande et belle facture » du président Donald Trump, continuent de planer sur le marché. Mais cette semaine, un répit temporaire a été observé.

Ce n’est pas le cas pour le dollar, qui a chuté à son niveau le plus bas depuis plus de trois ans face à un panier de devises. Il n’a pas suscité de véritable demande de « valeur refuge » malgré la montée des tensions géopolitiques au Moyen-Orient.

Les investisseurs non-américains continuent de revoir leur exposition aux actifs libellés en dollars. Ceux qui souhaitent la réduire vendront leurs actifs, achèteront moins ou renforceront leur couverture. De nombreux investisseurs européens de long terme augmentent leur ratio de couverture, ce qui revient à vendre massivement des dollars.

L’autre mouvement marquant de la semaine concerne le pétrole, qui a bondi de près de 10 % vendredi. La hausse s’est ensuite atténuée, mais le spectre des prix élevés de l’énergie refait surface. Quelles conséquences pour les perspectives d’inflation ?

Nous aurons peut-être des éléments de réponse la semaine prochaine. Le sommet du G7 s’ouvre dimanche au Canada, et trois des banques centrales les plus influentes – la Réserve fédérale, la Banque du Japon et la Banque d’Angleterre – rendront leurs décisions de politique monétaire.

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Principaux mouvements de marchés cette semaine

  • Pétrole : Le Brent a grimpé de 12 % cette semaine et le WTI de 13,5 % – avec des hausses approchant les 10 % vendredi –, soit la plus forte progression hebdomadaire depuis février et octobre 2022 respectivement.
  • Or : Le métal jaune termine la semaine en hausse de 3,5 %, à moins de 50 $ du record d’avril à 3 500 $/oz.
  • Dollar : Le billet vert recule de 1 %, touchant un creux de trois ans en fin de semaine, tandis que l’euro progresse de 1,3 %, franchissant 1,16 $ pour la première fois depuis 2021.
  • Obligations américaines : Les taux des Treasuries reculent après des données économiques décevantes et des adjudications réussies. Mais la baisse hebdomadaire sur la partie longue de la courbe est presque divisée par deux par la flambée de vendredi.
  • Actions mondiales : Les marchés mondiaux et Wall Street terminent en légère baisse. L’indice MSCI World avait touché des sommets historiques en début de semaine, mais la faiblesse de vendredi a pesé. Le S&P 500 recule de 0,5 % sur la semaine, le MSCI World perd 0,3 %.

Graphique de la semaine

Ma générosité ne connaît pas de limites : voici deux graphiques cette semaine, tous deux illustrant des dynamiques de prix relatifs inédites depuis un demi-siècle.

Le premier, issu de Bank of America, montre qu’en dollars, les actions des marchés émergents affichent leur plus faible performance relative face aux actions américaines depuis 50 ans. Pour les analystes de BofA, il n’y a pas de doute : « long EM... une allocation facile ». J’avais déjà évoqué ce sujet le mois dernier.

Le second graphique, signé par le stratège Jim Paulsen, révèle que la part de la capitalisation des actifs à revenu fixe américains par rapport à la capitalisation totale des actions américaines est au plus bas depuis plus de 50 ans. Ajouté à une prime de risque actions historiquement faible, cela pose la question : jusqu’où l’écart entre actions et obligations peut-il encore se creuser ?

Marchés émergents et obligations, votre heure est-elle venue ?

Quelques lectures marquantes cette semaine :

  1. Gérer Trump : ce qu’il faut faire et éviter
  2. La guerre commerciale de 2025 : impacts dynamiques sur les États-Unis et l’économie mondiale
  3. Le rôle mondial du dollar et le financement du déficit extérieur américain – Brad Setser
  4. L’abondance pour les travailleurs – Dani Rodrik
  5. Bruce Springsteen face à la fin de l’Amérique

Ce qui pourrait faire bouger les marchés lundi :

  • Publication mensuelle des données chinoises : prix de l’immobilier, production industrielle, ventes au détail, investissements, chômage (mai)
  • Inflation des prix de gros en Inde (mai)
  • Adjudication obligataire à 20 ans aux États-Unis
  • Indice manufacturier de la Fed de New York (juin)
  • Sommet des dirigeants du G7 à Calgary, Canada

Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas celles de Reuters News qui, selon les principes de confiance, s’engage à l’intégrité, l’indépendance et l’impartialité.

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