Le dollar a chuté lundi après que Michelle Bowman, responsable de la politique monétaire à la Réserve fédérale américaine, a déclaré que la banque centrale devrait envisager de baisser prochainement ses taux d'intérêt. Cette tendance s'est accentuée avec la montée des attentes d'une réponse limitée de l'Iran aux frappes américaines sur certains sites nucléaires iraniens.
Michelle Bowman, vice-présidente de la supervision à la Fed, a indiqué que le moment de réduire les taux d'intérêt pourrait approcher rapidement, s'inquiétant davantage des risques pesant sur le marché de l'emploi et se montrant moins préoccupée par l'impact des tarifs douaniers sur l'inflation.
« Bowman est réputée pour son positionnement faucon, donc toute indication de sa part en faveur d'un assouplissement et d'une baisse des taux va peser sur le dollar », a expliqué Helen Given, directrice du trading chez Monex USA à Washington.
Les contrats à terme sur les fonds fédéraux anticipent désormais 58 points de base de baisse des taux cette année, ce qui laisse entendre que deux baisses de 25 points de base sont quasi assurées, avec des chances croissantes d'une troisième réduction.
Les opérateurs ont renforcé leurs paris sur davantage de baisses de taux après que Christopher Waller, gouverneur de la Fed, a déclaré vendredi que la banque centrale américaine devrait envisager de réduire ses taux lors de sa prochaine réunion, prévue les 29 et 30 juillet. Avant ces propos, les marchés anticipaient 46 points de base de baisse sur l'année.
Le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, a également déclaré lundi que la récente flambée des droits de douane avait jusqu'à présent eu un impact plus modéré sur l'économie que ce qui était attendu.
Le dollar avait été soutenu mercredi dernier par la « pause faucon » de la Fed, lorsque la banque centrale américaine a maintenu ses taux inchangés, tandis que son président Jerome Powell a indiqué que les responsables anticipaient une hausse de l'inflation cet été en raison des droits de douane imposés par l'administration Trump.
Jerome Powell doit témoigner devant le Congrès américain mardi et mercredi.
La devise américaine a également subi des pressions lundi, alors qu'il semblait de plus en plus probable que la riposte de l'Iran aux frappes américaines resterait limitée.
« Il ne semble pas, pour l'instant, que l'Iran va recevoir un soutien militaire de la Russie ou de la Chine pour riposter », a précisé Helen Given.
L'armée iranienne a annoncé avoir mené lundi une attaque à la missile contre la base aérienne américaine d'Al Udeid au Qatar. Téhéran a qualifié l'attaque de « dévastatrice et puissante », mais les autorités américaines ont affirmé qu'aucun membre du personnel américain n'avait été tué ou blessé.
La monnaie américaine avait auparavant été soutenue alors que les investisseurs se délestaient de positions plus risquées, inquiets d'une possible extension du conflit au Moyen-Orient.
Les gains du dollar étaient en grande partie dus au débouclage de positions qui l'utilisaient comme devise de financement, a expliqué Marc Chandler, stratège en chef chez Bannockburn Global Forex à New York. Cela incluait des opérations misant sur la vigueur des devises des marchés émergents jugées plus risquées.
Le yen japonais a également effacé la majeure partie de ses pertes précédentes, lesquelles étaient liées aux craintes d'une hausse des coûts pétroliers pour le Japon.
Les stratèges de Bank of America ont estimé que la paire dollar/yen pourrait se réajuster à la hausse si les prix du pétrole restent élevés, rappelant que le Japon importe quasiment la totalité de son pétrole, dont plus de 90 % provient du Moyen-Orient, alors que les États-Unis sont largement indépendants sur le plan énergétique.
La devise nippone reculait de 0,09 % face au billet vert, à 146,22 yens pour un dollar, après avoir atteint 148,02, son plus bas niveau depuis le 13 mai.
L'indice du dollar a cédé 0,32 % à 98,45, après avoir grimpé plus tôt à 99,42, un sommet depuis le 30 mai.
L'euro a progressé de 0,39 % à 1,1567 dollar.
L'économie de la zone euro est restée atone pour le deuxième mois consécutif en juin, le secteur dominant des services n'affichant qu'une légère amélioration et l'industrie manufacturière aucune, selon une enquête publiée lundi.
La livre sterling s'est renforcée de 0,51 % à 1,3517 dollar, après avoir touché plus tôt 1,3367, son plus bas niveau depuis le 20 mai.
Des données publiées lundi ont montré que l'activité des entreprises britanniques a légèrement progressé en juin, avec une hausse des nouvelles commandes pour la première fois cette année, mais les employeurs ont continué à supprimer des emplois à un rythme plus soutenu, inquiets du conflit au Moyen-Orient.
Côté cryptomonnaies, le bitcoin s'est apprécié de 3,49 % à 103 040 dollars.