Le complexe aurifère Loulo-Gounkoto de la société canadienne Barrick Mining au Mali a été placé lundi sous contrôle de l'État par décision de justice, marquant une escalade majeure dans un différend portant sur la fiscalité et la propriété du site.

Un ancien ministre malien de la Santé, Soumana Makadji, a été désigné administrateur provisoire pour une durée de six mois, a précisé le juge chargé de l'affaire.

Barrick a annoncé son intention de faire appel de cette décision.

Cette mesure intervient après que le gouvernement malien a bloqué les exportations d'or et saisi les stocks d'or détenus par les filiales de Barrick.

Dans un communiqué, Barrick a estimé que ces actions, ayant entraîné la suspension temporaire de ses activités, étaient injustifiées.

« La justice n'a ni été entendue, ni rendue », a déclaré à Reuters Issaka Keita, l'un des avocats de Barrick. Le complexe Loulo-Gounkoto, qui représentait 14 % de la production de l'entreprise, est à l'arrêt depuis janvier en raison d'un bras de fer entre la société et le gouvernement sur la fiscalité et la propriété du site.

L'État malien, actionnaire du complexe minier, avait saisi en mai le tribunal de commerce de Bamako pour demander la nomination d'un administrateur, signalant sa volonté de rouvrir le site alors que les cours mondiaux de l'or atteignent des niveaux records.

À la Bourse de Toronto, le titre Barrick reculait de 0,7 % en début de séance lundi.

Un porte-parole du ministère malien des Mines a décliné tout commentaire.

En cas de réouverture, la mine pourrait générer au moins 1 milliard de dollars de revenus sur l'année à venir, selon les estimations de Reuters, portées par la flambée du prix de l'or.

Ce bras de fer risque toutefois de décourager les investisseurs potentiels au Mali, tandis que l'action Barrick accuse un retard par rapport à ses concurrents.

Les deux parties négocient depuis 2023 sur la mise en oeuvre d'un nouveau code minier qui augmente la fiscalité et accorde à l'État une plus grande part dans les mines d'or.

Elles cherchent à conclure un nouveau contrat conforme à la nouvelle législation.

Selon des sources proches du dossier, le permis minier de Barrick au Mali doit expirer en février 2026.

La société, auparavant connue sous le nom de Barrick Gold, avait suspendu les activités du complexe mi-janvier après la saisie par les autorités de trois tonnes métriques de son stock d'or. Le gouvernement avait déjà bloqué ses exportations en novembre 2024.

Barrick a désormais retiré le complexe de ses prévisions de production pour 2025.

En dehors des tribunaux, les discussions se poursuivent entre les deux parties. Le Mali a accepté que Barrick rapatrie 20 % de ses revenus sur un compte bancaire international, une exception qui n'a pas été accordée à d'autres exploitants miniers étrangers, selon deux sources proches du dossier.