Paris (awp/afp) - Les cours du blé, du maïs et du soja restaient orientés à la baisse mercredi, dans un marché mondial marqué par des incertitudes commerciales et l'appréciation du dollar dans la foulée de l'élection de Donald Trump.

Sur le marché américain, alors que la récolte touche à sa fin aux Etats-Unis, les projections de production nationale de maïs et soja ont été abaissées vendredi, entraînant un léger rebond des prix.

Toutefois, les inquiétudes relatives à la demande chinoise et au relèvement des droits de douane promis par Donald Trump, fraîchement réélu, de même que la montée du dollar, pesaient de nouveau sur les cours cette semaine, tant en blé qu'en maïs et soja.

Le marché est "très préoccupé par la nouvelle administration Trump" et par "la manière dont elle affectera l'agriculture", estime Dewey Strickler, analyste chez Ag Watch Market Advisors.

Le futur président, qui prendra ses fonctions en janvier, a fait des droits de douane la pierre angulaire de sa politique commerciale, évoquant l'imposition d'une surtaxe allant de 10 à 20% sur l'ensemble des produits étrangers entrant aux Etats-Unis et promettant d'aller jusque 60% pour ceux provenant de Chine - 1er acheteur du soja américain.

Pour l'analyste Dax Wedemeyer, de US Commodities, le marché "est à la recherche d'une direction à suivre" gardant un oeil sur les "exportations" ou "d'éventuelles questions relatives aux droits de douanes dans les mois à venir".

En attendant, le blé tire les autres céréales vers le bas, du fait de meilleures conditions météorologiques, notamment l'arrivée de pluies juste après les semis d'hiver dans les zones américaines de production, explique-t-il également.

Quant aux oléagineux (soja, palme, colza), ils subissent aussi un décrochage, après avoir profité d'une forte dynamique propre aux huiles alimentée par les acheteurs asiatiques. En cause, le repli du pétrole, mais aussi les incertitudes sur les évolutions possibles de la politique américaine en matière de biocarburants lors du prochain mandat présidentiel.

"Choc sur les devises"

"On pensait qu'ils (la future administration, NDLR) allaient protéger l'agriculture américaine. Or on s'aperçoit que les biocarburants - fabriqués à partir de cultures - ne seront pas forcément encouragés", puisque le nouvel élu parle de favoriser les huiles usagées plutôt que le soja ou le maïs national, souligne Damien Vercambre, courtier chez Inter-Courtage.

Aujourd'hui, sur les près de 390 millions de tonnes de maïs produit par an aux Etats-Unis, 130 à 140 millions de tonnes sont converties en bioéthanol.

L'élection américaine a aussi des impacts en Europe, où l'on regarde avec attention les effets de la remontée du dollar.

Pour Gautier Le Molgat, d'Argus Media France, "le choc c'est vraiment sur les devises. C'est un avantage compétitif pour les origines Europe. Encore faut-il que cela le reste et qu'on ait la preuve que cela aide à dynamiser l'activité, qui est plutôt très morose en cette première partie de campagne" 2024-25.

Dans l'immédiat, les cours européens restaient orientés à la baisse, pour tenter de répondre à la concurrence des grains moins chers des producteurs de la mer Noire.

La France en particulier affiche cette année un piètre bilan. Selon l'établissement public FranceAgriMer, les exportations françaises de blé devraient être en recul de 41% à près de 10 millions de tonnes pour la campagne 2024-25.

Ces mauvais résultats sont à la fois la conséquence d'une faible récolte sur fond de mauvaises conditions climatiques (25,5 millions de tonnes, en repli de 27% sur un an) et de difficultés à décrocher des contrats face à la concurrence.

La baisse est du même ordre pour les exportations d'orge, qui refluent de 26%, selon ces estimations publiées mercredi. En revanche, la production de maïs est en hausse à 13,6 millions de tonnes et les exportations devraient grimper de 13% (à 4,7 millions de tonnes, essentiellement à destination de l'UE).

afp/rp