Les délégations représentant le gouvernement congolais et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont quitté les pourparlers de paix au Qatar sans plan immédiat de retour, ont indiqué à Reuters des sources issues des deux camps, après l'absence de progrès significatif vers un cessez-le-feu.
Le M23 a mené une avancée sans précédent depuis janvier, s'emparant des deux plus grandes villes de l'est de la République Démocratique du Congo (RDC) et faisant craindre une guerre régionale généralisée.
Alors que les efforts de médiation africaine s'essoufflaient, le Qatar avait surpris le mois dernier en organisant une rencontre entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, au cours de laquelle les deux dirigeants avaient appelé à un cessez-le-feu.
Cet engagement devait aboutir à des discussions directes ce mois-ci entre la RDC et le M23. Mais si les deux parties ont effectivement dépêché des délégations à Doha, les réunions ont rapidement achoppé sur des questions techniques et sur des mesures de confiance potentielles, telles que la libération de prisonniers détenus par la RDC et accusés de liens avec le Rwanda et le M23, selon les mêmes sources.
Des sources des deux camps ont indiqué que le M23 avait exigé la libération de plusieurs centaines de prisonniers, une demande rejetée par le gouvernement congolais.
« Ils demandent trop. Ils ne contrôlent même pas deux des 26 provinces », a déclaré une source gouvernementale.
« Des centaines de prisonniers, l'abandon des charges, l'annulation des condamnations : notre système judiciaire est indépendant. Nous ne pouvons pas céder à tous les caprices. Des crimes ont été commis. Certains doivent rendre des comptes », a ajouté cette source gouvernementale.
Une source au sein de la coalition rebelle incluant le M23 a également confirmé que toutes les parties avaient quitté Doha, les « prérequis » constituant un « obstacle insurmontable » à des discussions substantielles.
Au-delà de la fin des poursuites judiciaires contre ses membres, la même source a précisé que le M23 souhaite que Tshisekedi s'engage dans un dialogue politique.
Tshisekedi a longtemps refusé l'idée de s'asseoir à la table avec le M23, qualifiant le groupe de terroriste.
Une source onusienne a indiqué à Reuters mercredi que les combats avaient repris dans le territoire de Walikale.
Le M23 s'était retiré de la ville de Walikale, un centre minier stratégique, plus tôt ce mois-ci, un geste qu'il avait présenté comme un signe de bonne volonté avant les pourparlers de paix prévus avec le gouvernement.
Les affrontements dans l'est du Congo cette année ont causé des milliers de morts et forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leur foyer.