Zurich (awp) - La Bourse suisse était, à l'image de ses homologues européennes, solidement ancrée dans le rouge à l'approche de la mi-journée, alors que les nouvelles sanctions occidentales prises contre Moscou font craindre une flambée des prix de l'énergie qui risque encore d'accentuer l'inflation actuelle. Après avoir défendu dans les premiers échanges le plancher des 11'900 points reconquis à la veille du week-end, le SMI des valeurs vedettes a replongé sous ce niveau.

L'offensive russe sur l'Ukraine se poursuit au lendemain de la menace nucléaire brandie par Vladimir Poutine, à laquelle les Européens ont répliqué en promettant de fournir des armes à Kiev. La volonté de Moscou de trouver "un accord" avec Kiev ne suffisait pas pour l'instant à rassurer les marchés.

Les Occidentaux ont pris de lourdes nouvelles sanctions financières contre Moscou, notamment la décision d'exclure de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale. Selon l'Union européenne, environ 70% du secteur bancaire russe est actuellement exclus du système.

Bruxelles a également interdit toutes les transactions avec la banque centrale russe, ce qui a fait s'effondrer le rouble de près de 30% dans les échanges internationaux, alors que cette dernière a doublé son taux directeur à 20%.

"Aucune banque du G7 ne sera en mesure d'acheter des roubles", précise Michael Hewson, analyste de CMC Markets qui craint "un énorme choc inflationniste en Russie".

Les matières premières flambaient à nouveau, à commencer par le pétrole, dont le baril américain de WTI montait de plus de 5%.

Pour Mark Haefele, directeur des investissements (CIO) auprès d'UBS, il est "essentiel pour les investisseurs de conserver leur calme, de maintenir un portefeuille bien diversifié et de se positionner dans une perspective de long terme".

A 11h45, le Swiss Market Index (SMI) s'enfonçait de 0,93% à 11'876,28 points, le Swiss Leader Index (SLI) de 1,17% à 1878,51 points et l'indice du marché élargi Swiss Performance Index (SPI) de 0,92% à 15'015,15 points. Sur les 30 principales cotations, 24 perdaient du terrain et six en gagnaient.

Le petit camp des rescapés était mené par Sonova (+2,1%), devant Lonza (+1,2%) Kühne+Nagel (+0,9%), SGS (+0,4%), Givaudan (+0,4%) et le bon Roche (+0,2%), sans nouvelle particulière.

Les deux autres paquebots du SMI Nestlé (-0,2%) et Novartis (-1,0%) prenaient l'eau.

Les valeurs bancaires se trouvaient dans le wagon de queue, Julius Bär (-5,8%) écopant de la lanterne rouge, derrière UBS (-5,0%) et Credit Suisse (-3,8%). Selon l'agence Bloomberg, la banque aux deux voiles aurait suspendu le financement du commerce de matières premières en provenance de Russie, une information que la banque n'a pas souhaité commenter.

Après la publication de résultats inférieurs aux attentes vendredi dernier, Swiss Re (-1,5%) a vu sa recommandation sabrée à "hold" par Berenberg, qui a également raboté son objectif de cours pour le titre.

Vifor (-0,3%) a annoncé avoir obtenu avec son partenaire Cara Therapeutics du Comité des médicaments à usage humain (CHMP) une recommandation d'homologation pour le Kapruvia (difélikéfaline). L'Agence européenne des médicaments (EMA) doit rendre son verdict d'ici fin juin.

Sur le marché élargi, Stadler Rail (-6,3%) a vu sa recommandation dégradée par Kepler Cheuvreux, qui recommande désormais de se défaire du titre, en raison de l'exposition de l'industriel de Bussnang au risque ukrainien en raison de ses activités de production en Biélorussie, qui pourraient faire l'objet de nouvelles sanctions du fait du soutien de Minsk à Moscou.

SPS (-0,2%) a fait part de son intention de lever jusqu'à 1,44 million de nouvelles parts pour son fonds dévolu à l'immobilier commercial.

Santhera (-1,8%) a conclu un accord avec son homologue bâlois Seal Therapeutics, afin de poursuivre le développement d'une thérapie génique contre la dystrophie musculaire congénitale.

Le directeur financier (CFO) d'Evolva (-3,9%) devrait rester en poste après avoir retiré sa démission déposée fin novembre.

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