Zurich (awp) - La Bourse suisse évoluait toujours en territoire négatif vendredi à l'approche de la mi-journée. La tentative de rebond du SMI dans la première demi-heure d'échanges a fait long feu, et l'indice phare de la place zurichoise a glissé nettement sous la barre des 10'400 points.

Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans est monté jusqu'à 4,23% jeudi, son plus haut niveau depuis 2008, contre 4,09%. Quant au taux à 2 ans, plus sensible généralement aux anticipations des investisseurs quant à la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), il a atteint 4,61%, un sommet de 15 ans.

"Beaucoup d'opérateurs tablent déjà sur (un taux directeur à) 5% d'ici le milieu de l'année prochaine", fait remarquer Edward Moya, d'Oanda, selon qui, "l'économie va encore souffrir bien davantage et cela coupe l'appétit pour le risque".

Le directeur de la Fed de Philadelphie, Patrick Harker, a déclaré que l'institut d'émission allait continuer de relever les taux "pendant un certain temps", ajoutant s'attendre à des niveaux "largement au-dessus de 4% d'ici la fin de l'année".

A cela s'ajoutent les turpitudes monétaires du yen, qui sous l'effet de la politique ultra-accommodante de la Banque du Japon (BoJ), a atteint un nouveau plus bas sur plus de trente ans face au dollar, alors que l'inflation a atteint en septembre son plus haut niveau depuis 2014.

La livre sterling a annulé son rebond qui a suivi l'annonce de la démission de Liz Truss. "Le principal défi du prochain Premier ministre sera de rassurer les marchés", estime Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote, qui s'attend à ce que le marché des actifs britanniques reste agité "jusqu'à ce que les choses se tassent".

A 11h20, le Swiss Market Index (SMI) lâchait 1,22% à 10'345,21 points, après un plus haut à plus de 10'430 points, le Swiss Leader Index (SLI) cédait 1,75% à 1555,03 points et l'indice du marché élargi Swiss Performance Index (SPI) 1,12% à 13'238,17 points. Sur les 30 "blue chips", seuls trois parvenaient à sortir la tête de l'eau.

Dans le wagon de queue des premiers échanges, Temenos (+0,8%) se refaisait une santé, après la confirmation jeudi soir de résultats décevants au troisième trimestre, préannoncés la semaine dernière.

Rudement malmené la veille dans le sillage de résultats mitigés, le bon de participation Schindler s'élevait de 0,6%. Une ribambelle d'analystes ont ajusté leur objectif de cours à la baisse.

Le bon de jouissance Roche (+0,02%) a vu son objectif de cours raboté par Goldman Sachs, qui confirme sa recommandation d'achat. Son rival Novartis (-0,04%), et dans une moindre mesure Nestlé (-0,5%) et Swisscom (-0,6%) jouaient également leur rôle défensif.

Sika (-4,8%) pointait toujours en fin de classement, après la présentation de son troisième partiel. Le chimiste de la construction s'est maintenu sur la voie de la croissance sur les neuf premiers mois de l'année, en matière de recettes comme de rentabilité. Cette dernière est cependant quelque peu inférieure aux attentes des analystes.

Zurich Insurance (-4,6%) serait dans le viseur des autorités américaines en raison de la vente d'assurances-vie (assurances manteau) à des Américains qui les ont utilisées pour frauder le fisc, selon une information relayée par le portail Gotham City.

Credit Suisse (-2,6%) a annoncé jeudi après la clôture boursière la vente de sa participation (8,6%) dans la fintech espagnole Allfunds, qui devrait lui permettre d'empocher environ 334 millions d'euros. La banque aux deux voiles a par ailleurs été blanchie par un tribunal américain dans une affaire de prétendues manipulations des cours de devises.

Au lendemain de la publication de sa performance trimestrielle, ABB (-1,3%) a vu son objectif de cours coup sur coup relevé par Deutsche Bank et abaissé par LBBW. Les deux établissements restent neutres sur le titre.

Une multitude de sociétés du marché élargi ont par ailleurs publié leurs résultats trimestriels.

Gurit (+2,5%) a engrangé un chiffre d'affaire quasi-stable sur les neuf premiers mois de 2022 et relève que son programme d'économies avance comme planifié.

Dottikon (+0,3%)a enregistré une forte croissance de son chiffre d'affaires au cours du premier semestre de son exercice décalé 2022/23, alors que le bénéfice net a été dopé par un effet unique.

Rieter (-4,5%) a vu ses ventes s'accélérer sur les neuf premiers mois de l'année, mais les commandes ont ralenti et le groupe s'attend à une pression sur les marges.

Les sociétés de participations HBM Healthcare (-2,0%) et BB Biotech (-0,6%) ont également publié des chiffres intermédiaires.

Mobilezone (-1,4%) a bouclé une première tranche de son programme de rachat d'actions et acquis pour 12 millions de francs suisses de ses propres titres. Un peu plus de 770'000 actions ont été rachetées pour un prix moyen de 15,57 francs suisses l'unité.

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