Zurich (awp) - Ayant entamé la séance de jeudi en repli, dans le sillage du nouveau resserrement monétaire opéré la veille par la Réserve fédérale américaine, la Bourse suisse restait solidement ancrée dans le rouge. Après le tour de vis monétaire plus dur que prévu de son homologue d'outre-Atlantique, la BNS en a fait de même, les investisseurs attendant désormais les décisions en la matière de la Banque d'Angleterre (BoE), puis de la Banque centrale européenne (BCE).

Dans le cadre de sa réunion, le Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (FOMC) a augmenté les prévisions selon lesquelles le taux des fonds fédéraux devrait atteindre et se maintenir à 5,1 % en 2023, contre 4,6 % précédemment, relève John Plassard, de Mirabaud Banque. Dans le même temps, l'inversion de l'écart entre les rendements obligataires à 2 ans et à 10 ans s'est élargie au-delà de 76 points de base, se rapprochant du sommet de 1981 de 85 points de base, atteint le 7 décembre.

Les principaux indices américains ont clôturé en baisse mercredi au lendemain de la publication d'une inflation américaine en baisse et suite à la réunion de la Fed considérée comme "hawkish" après un relèvement des taux de 50 points de base. "Qu'on le veuille ou non, la réunion de la Fed d'hier soir est une surprise pour le consensus", estime M. Plassard.

En effet, si ce dernier attendait un discours "dovish" de Jerome Powell c'est tout le contraire qui s'est produit. "Le président de la Fed a rappelé ce qu'il a martelé depuis la réunion de Jackson Hole: la Fed gardera ses taux élevés aussi longtemps qu'il le faudra pour casser une inflation qui est largement trop élevée. Pour les observateurs qui parient sur une baisse de taux en 2023, il faudra repasser.", note encore l'expert.

Le message du FOMC était très clair: la Fed n'est pas prête à cesser de relever ses taux, même si elle le fera par petits morceaux, résume pour sa part l'analyste de Swissquote Ipek Ozkardeskaya. Jerome Powell, a constaté que les deux derniers rapports sur l'IPC constituaient "une réduction bienvenue du rythme mensuel de l'inflation", mais qu'il faudrait "beaucoup plus de preuves pour être sûr" que le travail est terminé. "C'est clair comme de l'eau de roche. Pas de pause, pas de réduction, pas d'assouplissement en vue", poursuit l'experte.

La BNS a poursuivi le resserrement de sa politique monétaire engagé depuis juin, en remontant une fois de plus jeudi son taux directeur. L'institut d'émission continuera également à intervenir au besoin sur le marché des changes. D'autres relèvements pourraient être nécessaires pour combattre l'inflation, a averti la banque centrale. Son taux directeur passe à 1,0%, contre encore 0,5% en septembre.

Outre les réunions de la BCE, de la Banque d'Angleterre, les investisseurs étudieront également les données concernant la production industrielle américaine en novembre. Sur le front des premières informations macroéconomiques de la matinée, les ventes de détail en Chine ont chuté en novembre de 5,9%, se contractant pour un deuxième mois consécutif. Plus fort que prévu, le repli illustre le rebond des cas de Covid-19 et les restrictions sanitaires.

Le Japon a accusé son 16e mois consécutif de déficit commercial en novembre. Mais le solde négatif des exportations par rapport aux importations s'est un peu réduit, notamment grâce au reflux des prix de l'énergie.

Après un début de séance en repli de 0,61%, le SMI a creusé ses pertes avant de se reprendre quelque peu à l'annonce de la décision de la BNS, pour rechuter à nouveau et atteindre vers 10h20 un plus bas de la matinée à quelque 11'012 points. Une demi-heure plus tard, l'indice phare abandonnait 1,12% à 11'035,56 points. Le SLI cédait 1,29% à 1683,15 et l'indicateur élargi SPI 1,11% à 14'089,40 points.

A l'exception de la seule défensive Swisscom (+0,3%), les 29 autres valeurs constitutives du Swiss Leader Index (SLI) s'affichaient dans le rouge. En haut de tableau, derrière le numéro un suisse des télécoms, assureurs, banques ainsi que les trois poids lourd Nestlé (-0,8%), Novartis (-0,9%) et Roche (-1%) limitaient quelque peu leurs pertes. Swiss Re ne cédait ainsi que 0,5% et Zurich insurance 0,6%.

SGS (-0,7%), Swiss Life (-0,9%), Logitech (-0,8%) et Julius Bär (0,8%) offraient également une certaine résistance. En queue de classement, la lanterne rouge revenait toujours à Lonza (-3,3%). L'assainissement de la décharge toxique de Gamsenried en Valais, héritage des anciennes activités du groupe rhénan dans la chimie, risque de coûter plus cher que prévu à l'actuel sous-traitant de l'industrie pharmaceutique, lequel a exploité le site de 1918 à 1978. Le Tages-Anzeiger relaie jeudi des estimations d'experts évoquant des charges de 1,0 à 1,5 milliard de francs suisses.

Kühne+Nagel (-2,9%), ams-Osram (-2,7%), Straumann (-2,7%) précédaient Lonza, VAT Group (-2,4%) et Richemont (-2,2%) étant aussi à la traîne. L'horloger biennois Swatch Group (-1%) faisait mieux que son rival genevois dans le segment du luxe.

Sur le marché élargi, le laboratoire Idorsia (-3,2%) a entamé une étude clinique de phase III avec son médicament cénérimod pour le traitement du lupus érythémateux modéré à sévère chez les adultes. L'examen doit évaluer l'efficacité du produit expérimental contre cette maladie auto-immune, ainsi que son innocuité.

Le producteur bernois de composants en métal et en plastique Adval Tech (stable) a fait part du départ de son directeur général René Rothen, qui cumulait cette fonction avec celle de la présidence du conseil d'administration, qu'il conserve. Aucun successeur n'a pour l'instant été annoncé.

Les plus lourdes pertes étaient à mettre au compte de Talenthouse (-13%), Leclanché (-7,7%), Achiko (-7,5%) et Zur Rose (-3,9%). Les gagnants de la matinée étaient VP Bank (+3,4%), Aevis (+3,3%) et Crealogix (+2,3%).

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