Zurich (awp) - La Bourse suisse a fortement reculé jeudi. Après avoir plongé de quelque 300 points dans le sillage de la décision de la Banque nationale suisse (BNS) de relever son taux directeur à -0,25%, le SMI des valeurs vedettes a stabilisé ses pertes sans toutefois parvenir à se maintenir au-dessus de la barre symbolique des 10'500 points.

La décision de la BNS a surpris les marchés. Souhaitant éviter une accélération de l'inflation au-delà de la plage assimilée à la stabilité des prix, l'institut d'émission n'exclut pas dans son examen périodique de politique monétaire de procéder dans avenir proche à de nouvelles hausses.

Le changement prendra effet dès ce vendredi, 17 juin. Le taux directeur de la BNS s'établissait à -0,75% depuis janvier 2015 et l'abandon à la surprise générale du taux plancher.

A New York, Wall Street reculait nettement en matinée, morose à l'idée que la banque centrale américaine (Fed) poursuive ses hausses de taux agressives, et après la publication d'une série de mauvais indicateurs.

Davantage que le relèvement, déjà intégré par la place new-yorkaise, les opérateurs s'étaient satisfaits la veille d'une déclaration du président de la Fed, Jerome Powell, indiquant que de telles hausses ne deviendraient pas "habituelles".

Pour autant, le responsable a martelé que la priorité de l'institution restait actuellement la lutte contre l'inflation et qu'elle se préparait à de nouvelles hausses de taux marquées.

"La seule possibilité que les marchés voient, c'est que la Fed change de direction ou ralentisse ses hausses de taux, et comme aucun des deux ne semble venir, il n'y a aucune raison d'être excité par quoi que ce soit", a commenté Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services. "Pendant 20 ans, on a eu: la Fed a la rescousse du marché. Aujourd'hui, c'est: la Fed contre le marché", a-t-il poursuivi.

Le SMI a terminé en repli de 2,86% à 10'475,37 points, avec un plus bas à 10'463,84 et un plus haut à 10'735,05 points en début de séance, avant la décision de la BNS. Le SLI a cédé 3,61% à 1613,42 points et le SPI 2,94% à 13'462,99 points. Les 30 "blue chips" ont tous terminé dans le rouge.

Les poids lourds Nestlé (-1,2%) et Roche (-1,4%) ont le mieux résisté avec Adecco (-1,6%).

Le laboratoire bâlois et son partenaire vaudois AC Immune ont reconnu l'échec d'un programme clinique dans le domaine de la prévention contre la maladie d'Alzheimer.

Les bancaires Credit Suisse (-4,9%), Julius Bär (-5,6%) et UBS (-6,0%) ont fortement reculé.

Bank of America a abaissé l'objectif de cours d'UBS et confirmé "buy". Les analystes estiment notamment qu'UBS est un bénéficiaire important mais relativement modeste des hausses de taux, alors que l'inflation reste inquiétante.

La porteur AMS Osram (-9,3%) a écopé de la lanterne rouge, derrière Sonova (-8,9%), qui sera traité hors dividende vendredi, et Swiss Life (-6,4%).

Sur le marché élargi, on recense quelques rares gagnants, comme Hochdorf (+6,0%) ou Newron (+3,3%). A l'autre bout du classement, Autoneum a dévissé de 14,6%, dans le sillage de l'avertissement sur résultats lancé la veille.

Cicor (+0,9%) a relevé ses attentes quant à sa performance semestrielle. Le fabricant neuchâtelois de composants électroniques, qui attendait déjà une vive croissance, anticipe désormais un bond de ses revenus de près de 30% en variation annuelle sur les six premiers mois de 2022.

Dufry (-8,8%) a aussi nettement reculé. A en croire des courtiers, l'exploitant de boutiques hors taxe est fortement endetté, et la hausse des taux va entraîner une hausse du service de sa dette.

Le spécialiste des emballages SIG (-5,0%) a confirmé ses objectifs à moyen terme lors de sa journée des investisseurs.

Meier Tobler (-2,5%) table sur une augmentation de ses résultats sur les six premiers mois de l'année. La visibilité étant restreinte pour la seconde moitié de l'exercice, le groupe s'abstient de formuler des projections annuelles.

rp/buc