Zurich (awp) - La Bourse suisse a ouvert en net repli vendredi, après l'attaque menée par Israël contre des installations militaires et nucléaires en Iran, alors que Téhéran a lancé une première riposte. Alors que les investisseurs se sont inquiétés la veille de la politique commerciale du président américain Donald Trump, ils redoutent désormais aussi un embrasement au Proche-Orient.

Israël a mené vendredi des frappes contre l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme atomique. Les attaques aériennes ont notamment ciblé un site d'enrichissement d'uranium. L'une d'elles a entraîné la mort du chef des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique du régime, le général Hossein Salami.

Cette attaque intervient au moment où les négociations entre les Etats-Unis et la République islamique sur le nucléaire iranien sont dans l'impasse. Les craintes d'une frappe imminente d'Israël contre des sites iraniens grandissaient depuis quelques jours. Selon une source militaire israélienne, Israël a mené "des dizaines" de frappes sur des installations du programme nucléaire iranien et d'autres sites militaires à travers la pays.

Téhéran n'a pas tardé à riposter en lançant vers Israël une centaine de drones, lesquels ont été observés en Irak.

Si l'offensive menée par Tsahal était attendue, elle n'en a pas moins affecté les marchés financiers. Les bourses asiatiques comme à Tokyo ou Hong Kong ont déjà montré des signes de faiblesse. Les futures américains laissaient entrevoir une réaction négative du côté de Wall Street.

Les cours du pétrole se sont eux envolés de plus de 10% dans la nuit, avant de limiter quelque peu leur avance. Vers 09h10, le prix du baril de Brent bondissait de 4,8% à 72,67 dollars et celui du tonneau de Light Sweet Crude étasunien de 4,9% à 71,34 dollars. "La perspective d'une extension du conflit au Proche-Orient menace de perturber le détroit d'Ormuz, une voie cruciale pour environ 20% des flux mondiaux de pétrole," note l'agrégateur de données économiques Trading Economics.

Valeur refuge par excellence, l'or voyait aussi son prix grimper de 0,8% à 3412,61 dollars l'once et se rapprochant de son record de 3500 dollars atteint en avril dernier.

Reste que si l'attaque a accru l'incertitude géopolitique, son impact sur les marchés dépendra de l'ampleur et de la rapidité des représailles de l'Iran, note la banque Vontobel. Un embrasement pourrait toucher le Proche-Orient, si Téhéran en venait à viser des intérêts américains.

Sur le front des informations macroéconomiques, les prix à la consommation en France ont augmenté de 0,7% en mai sur un an, une hausse ralentie par rapport aux mois précédents, selon les chiffres définitifs. L'évolution s'est révélée conforme à l'estimation provisoire. En Allemagne, l'inflation est bien restée stable en mai en Allemagne sur un an, selon l'estimation définitive.

A la Bourse suisse, le Swiss Market Index (SMI) a comme anticipé ouvert sur un net repli de 1,23%, réduisant cependant quelque peu ses pertes dans les tous premiers échanges. Vers 0920, il fléchissait de 1,1% à 12'188,25 points, alors que le SLI lâchait 1,19% à 1986,70 points et l'indicateur élargi SPI 1,30% à 16'831,20 points.

A la seule exception du bon de participation Lindt (+0,3%), l'ensemble des trente valeurs constitutives du Swiss Leader Index perdaient du terrain. Le géant genevois du luxe Richemont (-2,8%) héritait de la lanterne rouge, derrière le fabricant zurichois d'aides auditives Sonova (-2,5% ou 6,5 francs suisses), le titre étant traité hors dividende de 4,40 francs suisses.

Le numéro un bancaire helvétique UBS (-2,5%) était une nouvelle fois à la peine, accompagné par l'horloger biennois Swatch Group (-2,4%), le chimiste zougois de spécialités Sika (-2,4%) et le gestionnaire d'actifs Partners Group (-2,4%).

Les trois poids lourds de la cote, Roche, Novartis et Nestlé n'échappaient pas à la curée, les deux géants pharmas bâlois cédant respectivement 1% et 0,9%, alors que le numéro un mondial de l'alimentation abandonnait 0,7%.

Derrière Lindt, ABB s'approchait de l'équilibre, la défensive Swisscom (-0,6%) limitant ses pertes, tout comme Sandoz Group (-0,3%) et le bon de participation Schindler (-0,5%).

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