Zurich (awp) - La Bourse suisse accentuait ses pertes vendredi à l'approche de la mi-journée. Alors que le marché digérait encore la hausse du taux directeur annoncé la veille par la BNS, les décisions de politique monétaire des derniers jours étaient éclipsées par une rechute des valeurs bancaires européennes entraînée par Deutsche Bank.

Jeudi, la Banque nationale suisse (BNS) a annoncé un nouveau relèvement de son taux directeur - le quatrième depuis juin 2022 - de 50 points de base, comme attendu par le marché, passant à 1,5%. Dans la foulée, l'institut d'émission a laissé entendre que de nouvelles hausses ne pouvaient être exclues pour assurer la stabilité des prix à moyen terme.

Son président Thomas Jordan avait par ailleurs affirmé que les mesures prises en collaboration avec la Confédération et le gendarme des marchés (Finma) dans le cadre de la fusion forcée avaient permis de "juguler la crise".

Cause et remède aux difficultés des banques commerciales, les banques centrales des États-Unis, d'Angleterre et de Norvège, en plus de la BNS, ont annoncé cette semaine des hausses de taux. Si la manoeuvre effectuée par la Réserve fédérale américaine (Fed) a été perçue comme accommodante, l'institution a prévenu que le choc bancaire devrait "entraîner un certain resserrement des conditions de crédit", et in fine avoir un impact sur l'économie réelle.

A Francfort, le titre de Deutsche Bank chutait de plus de 10% après la forte augmentation du coût de l'assurance contre le risque de défaut (CDS), qui alimente les inquiétudes sur la résilience des banques européennes.

Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote, évoque un marché polarisé entre la réaction des autorités au stress financier et les craintes de récession. "Les commandes de biens durables et l'indicateur PMI flash seront surveillés de près pour détecter d'autres signes de faiblesse potentielle" de l'économie américaine, commente l'analyste.

La croissance économique du secteur privé dans la zone euro s'est accélérée en mars pour atteindre son plus haut niveau depuis dix mois, grâce au dynamisme du secteur des services.

A 11h25, le Swiss Market Index (SMI) trébuchait de 1,15% à 10'595,35 points, le Swiss Leader Index (SLI) de 1,54% à 1675,32 points et l'indice du marché élargi Swiss Performance Index (SPI) de 1,19% à 13'903,03 points. Sur les 30 principales cotations, seules trois gagnaient du terrain.

Givaudan (+0,6%) menait le trio des rescapés, devant les pharma Roche (+0,3%) et Novartis (+0,2%) qui jouaient pleinement leur rôle défensif. Le principal poids lourd Nestlé (-0,4%) freinait également la chute du SMI.

A l'autre extrémité du classement, Credit Suisse (-7,5%) et sa future maison-mère UBS (-7,1%) se disputaient la lanterne rouge. Jeudi, les critiques ont une nouvelle fois fusé de toutes parts concernant les conditions de l'union forcée, notamment les entorses au droit de la concurrence et des actionnaires, ainsi que l'expropriation de créanciers comme les détenteurs d'emprunts convertibles (CoCo bonds).

Selon des sources citées par l'agence Bloomberg, les deux établissements seraient par ailleurs dans le collimateur du ministère américain de la Justice (DoJ) pour de supposés contournements des sanctions contre la Russie.

Jefferies a dégradé sa recommandation "hold" pour la banque aux trois clés, et sabré son objectif de cours pour celle aux deux voiles à 89 centimes pour s'aligner plus ou moins sur l'offre contrainte d'échange d'actions dans le cadre de la reprise, confirmant "hold" dans la foulée.

ABB (-3,3%), qui a tenu jeudi son assemblée générale, a annoncé après la clôture boursière un nouveau programme de rachat d'actions pour un volume d'un milliard de dollars.

Straumann (-1,6%) a vu sa recommandation relevée par la Banque cantonale de Zurich (ZKB), qui préconise désormais l'achat du titre (surpondérer).

Sur le marché élargi, Comet (-0,5%) a annoncé la candidature de deux nouveaux administrateurs à l'occasion de sa prochaine assemblée générale, ainsi que l'élargissement de son comité exécutif.

Schaffner (+1,5%) a lancé un avertissement positif sur ses résultats 2022/23 qui seront publiés le 4 mai, alors qu'Edisun Power (+1,2%) et CFT (+2,3%) ont publié leurs chiffres annuels.

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