Zurich (awp) - La Bourse suisse a fortement reculé lundi. Le SMI a inscrit son plus haut du jour (dans le rouge) en début de séance et il a par la suite sensiblement accentué ses pertes jusqu'à se mettre à évoluer latéralement autour de la barre symbolique des 10'900 points. Une tentative de reprise en début d'après-midi est restée sans lendemain et l'indice vedette de SIX a même reculé sous son ancien plus bas de l'année du 7 mars (10'871,24 points) avant de remonter un peu.

A New York, Wall Street reculait nettement en matinée, dans un environnement d'inflation persistante et avec la perspective d'un éventuel durcissement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine.

"La peur est en train de prendre le dessus", a commenté Adam Sarhan, de 50 Park Investments. "On approche de la fin du mois et du trimestre, et il n'y a toujours aucune nouvelle favorable au marché." "La semaine dernière, le marché avait l'occasion de reprendre de l'élan, mais au lieu de ça, il a encore baissé. Ça montre à quel point il est affaibli", a poursuivi le gérant.

Les investisseurs continuaient à digérer la publication, vendredi, de l'indice des prix CPI, qui a montré que l'inflation, loin de ralentir comme le prédisaient certains, a accéléré en mai, pour s'inscrire à 8,6% sur un an, son plus haut niveau depuis décembre 1981.

Le chiffre, qui avait déjà fait plonger les indices vendredi, a fait craindre à la place new-yorkaise que la Fed ait la main encore plus lourde que prévu jusqu'ici en matière de resserrement monétaire. Les opérateurs évaluent désormais à près de 40% la probabilité que la Fed relève de 0,75 point de pourcentage son taux directeur à l'issue de sa réunion, qui se tient mardi et mercredi, ce qui serait une première depuis 1994.

Le SMI a terminé en baisse de 1,70% à 10'896,25 points, avec un plus bas à 10'855,25 (nouveau plus bas de l'année) et un plus haut à 11'020,23 inscrit dans les premières minutes de la séance. Le SLI a cédé 2,37% à 1680,62 points et le SPI 1,79% à 13'991,38 points. Sur les 30 valeurs vedettes, Nestlé (+0,6%) et Kühne+Nagel (+0,1%) ont été les seules à surnager.

Le deux autres poids lourds Roche (-1,5%) et Novartis (-1,4%) ont fait plus ou moins nettement honneur à leur caractère défensif.

Novartis a annoncé avoir obtenu le feu des autorités sanitaires suisses, Swissmedic, pour le Scemblix, un traitement de la leucémie. Le Scemblix jouit déjà depuis fin 2021 d'une autorisation de commercialisation aux Etats-Unis.

Côté rouge, Temenos (-10,1%) a fini lanterne rouge, derrière la volatile AMS Osram (-9,7%) et Julius Bär (-6,4%).

La dégringolade d'AMS-Osram se poursuit, ont relevé des courtiers, le cours du titre étant passé sous les 10 francs suisses lundi pour la première fois depuis le printemps 2020. Le groupe est valorisé à 2,7 milliards de francs suisses en Bourse, quand Osram seul était évalué à 4,6 milliards d'euros au moment de son rachat. Selon les observateurs, l'action souffre du manque de clarté autour de la fusion, car il est difficile de savoir si et quand elle portera ses fruits.

Les deux autres bancaires Credit Suisse (-3,5%) et UBS (-3,4%) ont également sous-performé l'indice.

Le numéro deux bancaire helvétique serait lui dans le collimateur du régulateur financier britannique (FCA), selon le Financial Times (FT). Le FCA émettrait des doutes quant à une amélioration suffisante de la culture d'entreprise, de la gouvernance et de la gestion du risque de la part de la banque aux deux voiles.

Seule une vingtaine des quelque 60'000 établissements surveillés par la FCA figure sur la liste de surveillance, ce qui indique que le gendarme financier a de sérieuses réserves à l'égard de Credit Suisse, écrit FT en se référant à une "personne bien informée" sur le sujet.

Sur le marché élargi, le conglomérat chimique et papetier lucernois CPH Chemie + Papier (+2,3%) fait partie des rares gagnants du jour après avoir vu son chiffre d'affaires comme son excédent d'exploitation exploser sur les six premiers mois de l'année, profitant d'une évaporation de la concurrence dans le segment du papier. La direction profite de l'avertissement positif sur résultats pour afficher sa confiance pour l'ensemble de l'exercice.

La Banque cantonale des Grisons (GKB) (+0,6%) a pris une participation de 70% dans la banque BZ Bank de l'entrepreneur Martin Ebner. L'opération permet à l'établissement cantonal de consolider son expertise dans le placement privé, a-t-il précisé. Les détails financiers de l'opération n'ont pas été révélés.

Côté perdants, Relief Therapeutics a chuté de 12,8%, après que l'autorité sanitaire américaine FDA a infligé une nouvelle déconvenue à l'aviptadil, un temps développé par son partenaire pennsylvanien Nrx Pharmaceuticals contre la Covid-19 sous le nom de Zyesami.

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