Zurich (awp) - La Bourse suisse a opté pour le rouge lundi à l'ouverture, après quelques hésitations en début de séance, après une semaine noire pour les marchés financiers en Suisse et à l'international. Le virage opéré par les banquiers centraux, aux Etats-Unis, mais aussi et de manière plus surprenante en Suisse, a semé le doute parmi les intervenants, qui craignent que le resserrement de la politique monétaire pour contenir une forte inflation ne pénalise la reprise économique et ne mène directement à une récession.

Jeudi dernier, au lendemain d'un relèvement de trois quart de points des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque naitonale suisse (BNS) a relevé son taux directeur de 50 points de base à -0,25%, précédant la Banque centrale européenne (BCE), dont la présidente Christine Lagarde a annoncé un relèvement des taux pour juillet.

"Une erreur de politique monétaire serait le pire des scénarii pour les marchés", relève John Plassard de Mirabaud Banque. "Le mot en R (récession) ne doit pas faire peur", poursuit l'analyste. "Au contraire, il faut l'anticiper, car il fait partie du cycle économique 'naturel'. Le plus gros problème n'est pas de savoir s'il aura lieu, mais plutôt de savoir exactement quand". 

"Après une semaine aussi torride la semaine dernière, un rebond correctif des marchés boursiers n'est pas à exclure cette semaine", remarque de son côté Jeffrey Halley, d'Oanda. "Cependant, cela pourrait devoir attendre 24 heures de plus, car les marchés américains sont fermés aujourd'hui", ajoute l'analyste.

A 09h15, le SMI lâchait 0,26% à 10'424,16 points. La semaine dernière, l'indice phare de la place helvétique s'était déjà replié de près de 5%. Le SLI s'affichait en baisse de 0,38% à 1604,27 points et le SPI de 0,23% à 13'428,99 points. Sur les trente valeurs vedettes, 21 pointaient dans le rouge, et huit dans le vert, Swiss Re faisant du surplace.

En tête du classement provisoire, SGS (+0,9%) a annoncé un nouveau programme de rachat d'actions d'un montant maximum de 250 millions de francs suisses.

Swisscom (+0,8%) et Givaudan (+0,6%) complétaient le podium.

A l'opposé, Geberit (-2,6%) tenait la lanterne rouge, derrière Sika (-2,4%) et Julius Bär (-1,6%).

Les bancaires Credit Suisse et UBS (-0,6% chacune) n'échappaient pas à la morosité ambiante. Le premier doit faire face à une plainte de l'oligarque russe Vitaly Malkin, qui poursuit l'établissement pour des pertes de 500 millions de francs suisses, provoquées par un conseiller financier de la banque licencié en 2015 et condamné en 2018, selon la SonntagsZeitung.

Nestlé (-0,4%) pesait sur l'indice tandis que les pharmas Novartis (+0,3%) et Roche (-0,1%) prenaient des chemins différents.

Soupçonné d'avoir écoulé ses médicaments à des prix exagérément élevés en Grèce grâce à des pots-de-vin, le ministre de la santé a réclamé 214 millions d'euros de dommages et intérêts à Novartis. Aux Etats-Unis, l'entreprise a accepté de verser environ 336 millions de dollars pour arrêter les poursuites pour des faits similaires.

Sur le marché élargi, Valora (+2,1%) profitait de l'annonce de l'extension de sa collaboration avec Oel-Pool, avec la reprise de 71 magasins de stations-services. Cela devrait permettre à Valora de porter sa présence dans les points de vente d'hydrocarbures en Suisse à plus de 170 magasins d'ici fin 2023, pour un chiffre d'affaires annuel estimé à plus de 300 millions de francs suisses.

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