Zurich (awp) - Hésitante après une entame de séance poussive, la Bourse suisse a finalement clôturé dans le vert jeudi, dans la foulée notamment de la décision - attendue - de la BCE de maintenir inchangée sa politique monétaire expansive. Alors que pas moins de sept entreprises, dont Swisscom et Straumann, ont dévoilé leurs résultats trimestriels, le poids lourd Nestlé, en particulier, a offert un soutien bienvenu.

"S'il est une chose qui ne risque pas de manquer sur les marchés, c'est bien la volatilité" a résumé Jeffrey Hall, analyste chez Oanda. Persistance ou non de l'inflation ou encore interprétation de son impact sur les politiques monétaires constituent en effet de puissants facteurs d'incertitude pour les détenteurs de capitaux. Après avoir évolué de manière contrastée en matinée, les places européennes se retrouvaient unies dans la hausse.

A Wall Street, les principaux indices pointaient dans le vert.

La BCE a maintenu jeudi toutes ses mesures de soutien à l'économie malgré la forte poussée de l'inflation en zone euro, ce qui renvoie à décembre la décision concernant une normalisation progressive de la politique monétaire. Les rachats de dette dans le cadre du programme "PEPP", pour contrer les effets de la pandémie, vont se poursuivre durant l'automne à "un rythme légèrement plus faible" par rapport aux deux précédents trimestres, a indiqué l'institution.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a réaffirmé que les taux ne seraient pas relevés tant que la cible d'inflation de 2% à moyen terme n'est pas en vue. Dans la foulée de ces annonces, et des décisions d'autres banques centrales depuis la veille, les taux d'intérêt des dettes souveraines européennes font le yo-yo.

En Allemagne, l'inflation a connu une nouvelle accélération en octobre, à 4,5% sur un an, atteignant son plus haut niveau depuis octobre 1993. En revanche aux Etats-Unis, elle a ralenti, à 5,3% en rythme annualisé au troisième trimestre contre 6,5% au deuxième trimestre. Mais la croissance du pays a également été fortement freinée au troisième trimestre, s'établissant à 2%, en-dessous des attentes des analystes, après un bond de 6,7% au deuxième trimestre.

Le président américain Joe Biden a présenté les nouveaux contours de son plan "historique" de dépenses sociales et environnementales, réduit de moitié à 1750 milliards de dollars.

A la Bourse suisse, le Swiss Market Index (SMI) a achevé la journée en hausse de 0,54% dépassant la barre des 12'100 points à 12'153,10 points. Le Swiss Leader Index (SLI) a pris 0,48% à 1974,42 points. L'indice du marché élargi Swiss Performance Index (SPI) faisait encore mieux, affichant une progression de 0,57% à 15'653,38 points.

Sur les trente valeurs constitutives du SLI, vingt ont gagné du terrain, les dix autres en abandonnant. En bas de tableau, Swisscom (-7,4%) a peiné à assumer son statut défensif. Lanterne rouge, le géant bleu a certes poursuivi sa croissance sur neuf mois, mais a modéré ses ambitions pour la suite. Les trois bancaires ont essuyé des pertes, Credit Suisse lâchant 1,8% et Julius Bär 1,3%. UBS s'est montré un peu plus solide, limitant sa perte à 0,3%.

Les poids lourds de la cote ont eux bien défendu leur rôle, Nestlé bondissant de 1,6%, Novartis de 0,7%, alors que le bon Roche a finalement terminé en zone positive en s'étoffant de 0,6%.

En tête du classement, le développeur de logiciels bancaires genevois Temenos (+4,7%) s'est hissé sur la plus haute marche du podium, celui-ci continuant de bénéficier des rumeurs de rachat dans la presse la veille. Il a devancé l'équipementier de l'industrie chirurgico-dentaire Straumann (+4,2%), lequel a dépassé les projections les plus folles au troisième trimestre, en termes de ventes notamment.

Du côté du marché élargi, l'apothicaire en ligne Zur Rose (+10,3%) s'est illustré comme le gagnant du jour, après avoir fait part de la conclusion d'un partenariat dans le diabète avec Roche. Le groupe thurgovien s'est placé juste devant Landis+Gyr (+9,6%), le producteur de compteurs électriques ayant bouclé son premier semestre décalé, qui s'est terminé au 30 septembre, avec une rentabilité nette bien meilleure que prévu. Le groupe zougois affiche néanmoins une certaine prudence pour la suite de l'exercice.

Ayant eux aussi dévoilé leur performance trimestrielle, l'exploitant de boutiques hors-taxe Dufry (+3,5%) et le chimiste de spécialités Clariant (+4,9%) se sont également démarqués. Le chimiste grison Ems-Chemie (-3,6%) et le sous-traitant automobile Autoneum (-7,6%) par contre ont pâti de résultats décevants ou des prévisions revues à la baisse.

Pour ses premiers pas sur SIX, l'équipementier de salles blanches Skan (ex-BV Holding) a terminé à 75,22 francs suisses, soit bien au-dessus des 54 francs suisses du prix d'émission des nouveaux titres, et après avoir ouvert à plus de 75 francs suisses.

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