Zurich (awp) - Après une timide tentative de rebond à l'ouverture consécutive à trois séances d'affilée achevées sur des pertes, la Bourse suisse hésitait encore à l'approche de la mi-journée sur la direction à prendre. Alors qu'un retour à la normale s'esquisse en Chine, les investisseurs, toujours prudents, demeurent partagés entre le risque de récession et l'espoir que le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Jerome Powell fasse preuve d'une certaine mesure dans le relèvement des taux directeurs de la banque centrale attendu la semaine prochaine.

Les investisseurs continuent de s'interroger quant à la vigueur économique chinoise, observe John Plassard, de Mirabaud Banque. L'excédent commercial de la Chine est passé de 71,7 milliards de dollars au cours du même mois de l'année précédente à 69,8 milliards de dollars en novembre 2022 alors que le consensus prévoyait un gain de 78,1 milliards de dollars. Ce montant est le plus faible depuis avril.

Les exportations et les importations ont diminué plus que prévu en raison de la détérioration de la demande mondiale et nationale et de l'impact de la troisième vague d'infections au Covid-19. Les dix nouvelles mesures concernant les politiques du Covid-zéro n'ont pas eu l'effet escompté.

La capitale chinoise présentait cependant jeudi de premiers signes de retour à la normale, au lendemain de l'annonce d'un assouplissement général des restrictions sanitaires en vigueur depuis bientôt trois ans.

La très attendue réunion de la Fed sera précédée de la publication de deux indicateurs d'inflation, vendredi (prix à la production en novembre) et lundi (prix à la consommation). "Le catalyseur de marché est passé de l'évaluation d'une politique monétaire dure de la Réserve fédérale, où les actions et les obligations baissent en même temps, à des craintes de récession, où les actions restent sous pression tandis que les investisseurs cherchent refuge dans des actifs jugés plus sûrs, comme les emprunts d'État", observe de son côté Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.

Sur le front des rares donnés macroéconomiques du jour, le produit intérieur brut (PIB) du Japon a reculé de 0,2% au troisième trimestre comparé au trimestre précédent, selon une deuxième estimation du gouvernement. Par rapport au premier chiffre dévoilé mi-novembre (-0,3%), la révision reste marginale.

Après avoir débuté la séance en hausse de 0,11%, le SMI s'est rapidement orienté dans la zone des pertes - au-dessous de la barre des 11'000 points - revenant toutefois à deux reprises dans le vert, les indices hésitant toujours sur la direction à prendre vers 11h00. L'indice phare notait ainsi à 11'018,74 points, soit une imperceptible progression de 0,08%. Le SLI lâchait lui 0,06% à 1679,45 points et l'indicateur élargi SPI abandonnait 0,05% à 14'011,80 points.

Sur les trente valeurs constitutives du Swiss Leader Index (SLI), la moitié s'affichait dans le rouge, treize dans le vert, alors que Logitech et Sika faisaient du surplace.

En haut de tableau, Richemont (+1,7%) s'échappait devant Swiss Re (+1,2%). Le titre du géant genevois du luxe tirait visiblement profit de la réouverture en cours en Chine, tout comme le concurrent Swatch Group (+0,9%), lequel se hissait sur la 3e marche du podium provisoire. Quant au réassureur zurichois, il bénéficiait des propos du président du conseil d'administration de la compagnie, Sergio Ermotti, selon lesquels le groupe compte revoir ses tarifs face à l'augmentation des risques, notamment climatiques, afin d'améliorer sa rentabilité.

Alcon (+0,7%) talonnait l'horloger biennois, suivi de Julius Bär (+0,5%) et Holcim (+0,4%). Les trois poids lourds de la cote, Novartis (+0,2%), Nestlé (+0,1%) et Roche (+0,02%) se retrouvaient aussi dans le camp des gagnants de la matinée.

Novartis a revendiqué un nouveau succès en étude clinique avancée sur son traitement expérimental iptacopan dans l'indication contre l'hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN). Après avoir démontré en octobre sa supériorité sur un traitement anti-C5, la substance a désormais aussi permis d'améliorer significativement les niveaux d'hémoglobine chez des patients non soumis à des inhibiteurs de complément, sans à avoir recours à des transfusions.

Roche a pour sa part obtenu le feu vert de l'Autorité américaine du médicament (FDA) pour un test destiné à diagnostiquer de manière plus précise et rapide la maladie d'Alzheimer. Le test Elecsys AD CSF est déjà homologué dans 45 pays dans le monde, en incluant les pays acceptant le marquage CE.

Alors que Partners Group (-1,5%), Swiss Life (-0,9%) et pour une fois dans une moindre mesure Credit Suisse (-0,1%) prenaient l'eau, Zurich Insurance, UBS (tous deux +0,1%) et Julius Bär (+0,4%) se montraient plus solides. En fond de classement, Temenos (-2,0%) héritait de la lanterne rouge, derrière Partners Group, Adecco (-1,3%) et Givaudan (-1,2%).

Sur le marché élargi, Relief Therapeutics décollait de 5,9% à 0,0288 franc. La société pharmaceutique sécheronne s'est trouvée un directeur général et a remanié en interne son comité exécutif. La fauteuil de CEO revient à Jack Weinstein, qui occupait depuis deux ans celui de trésorier. Le nouveau patron transmet par ailleurs ses anciennes attributions à Jeremy Meinen, qui s'occupait jusqu'ici de la comptabilité.

Cembra Money Bank (+1,7%) va connaître un changement de président. L'actuel titulaire du poste, Felix Weber, ne sollicitera pas de nouveau mandat lors de l'assemblée générale du 21 avril prochain. Patron de HSBC en Suisse jusqu'en 2018, Franco Morra devrait lui succéder.

Côté perdants, Kinarus chutait de 9,1%, Zehnder de 6%, Achiko de 5,9% et Talenthouse de 5,9% également. Stadler Rail déraillait aussi cédant 4,5%. Credit Suisse a abaissé l'objectif de cours du titre du fabricant thurgovien de matériel ferroviaire à 33 francs suisses, contre 35 francs suisses précédemment. La recommandation est maintenue à "neutral".

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